Le Journal de Quebec

Lettre déchirante du père de Jun Lin

- MICHAEL NGUYEN

Le père de Jun Lin a écrit une lettre déchirante qui a été lue à la cour par le biais de son avocat. Diran Lin y explique comment il est inconsolab­le depuis qu’il a appris la mort atroce de son fils. En voici des extraits.

En une soirée, nous avons perdu une vie entière d’espoir, notre avenir et des parties de notre passé. Je peine à penser à autre chose, à me concentrer.» La mère de Jun Lin n’est plus bien. Elle n’a pas beaucoup souri ou ri depuis mai 2012. Elle ne travailler­a plus.» La soeur de Jun Lin a voulu prendre soin de sa mère, mais elle aussi est incapable de travailler.» Mes souvenirs de Jun Lin ne s’arrêtent pas à sa jeunesse, mais maintenant je vis ces souvenirs par sa mort, la manière dont il est décédé, combien il a dû souffrir, combien humiliante est devenue sa mort avec un film.» On me dit qu’un prisonnier au Canada a le temps de réfléchir à son crime, de vivre avec les mauvais souvenirs, de peut-être regretter, d’être isolé de sa famille et d’être limité dans ses mouvements. Son avenir ressemble au mien, à celui de la mère de Jun Lin et de la soeur de Jun Lin.» Je sais que l’accusé n’est pas ce que représente le Canada. Jun Lin aimait la Chine, mais il était aussi attiré par le Canada, vivre à Montréal, en français.» Je suis perturbé en sachant quels étaient ses plans, soit de rester ici et se lancer en affaires, de vivre ici en permanence, de savourer votre langue, vos opportunit­és et votre air frais. Chaque jour je vis avec le regret que son nom sera seulement associé à ce crime horrible et dégradant.» Ça me fait mal de constater que l’héritage de mon fils sera d’être connu comme une victime. Il n’a pas seulement souffert lors de son meurtre, mais il sera humilié chaque fois que son nom est mentionné.» Je ne verrai plus son sourire lors de nos discussion­s en vidéo, ou l’écouter me parler de ses succès ou entendre son rire. La fête de Jun Lin est le 30 décembre. Il ne sera plus jamais là pour sa fête ou les nôtres.» Je croyais être en mesure de prendre ma retraite et de profiter de la présence de mon fils, avec moi, pour que je sente que je fus un bon père. Sa chaise est vide à la maison. Personne ne répond lorsque son téléphone sonne. C’est fini. Je n’ai aucune capacité ou désir de vouloir n’importe quoi d’autre.» Un prisonnier sera hébergé, il aura un lit, on va le nourrir, des médecins et des psychiatre­s seront disponible­s pour l’écouter et lui donner des médicament­s lorsqu’il leur dira qu’il se sent mal. Personne ne nous hébergera, ne nous nourrira ou ne mettra des médecins à notre disponibil­ité.» Nous ne pouvons pas vraiment parler de Jun Lin sans aborder son meurtre. Son assassinat ne nous a pas seulement volé Jun Lin, mais aussi notre habileté à penser et à parler de lui sans vivre de la souffrance et de la honte.» Je suis venu pour voir des remords, pour entendre des excuses présentées sous une quelconque forme, mais je repars les mains vides.»

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PHOTO CHANTAL POIRIER Une journée lourde en émotions pour Diran LIn, le père de la victime.

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