LeCanadaàl’ère desattentats
Quelques semaines après que la Chambre des communes eut adopté une motion engageant le Canada dans les frappes aériennes contre le groupe armé État islamique en Irak et en Syrie, les Canadiens ont goûté à la terreur chez eux.
Coup sur coup, en à peine trois jours, la quiétude tranquille au pays a été bouleversée quand des loups solitaires ont répondu à l’appel d’Abû Bakr al-Baghdâdi, le calife autoproclamé de l’État islamique, qui avait demandé aux musulmans de s’attaquer à des militaires où qu’ils soient.
Parce que ces attaques ont mobilisé toute la société et que les répercussions se font encore sentir, l’Agence QMI en fait l’événement de l’année 2014 au Québec. Le choix a été effectué au moyen d’un sondage réalisé auprès des responsables de l’information des médias Québecor.
AU QUÉBEC
Le 20 octobre, c’est au Québec que le terrorisme fait ses premières victimes. Martin Couture-Rouleau, 25 ans, qui s’était radicalisé dans les derniers mois, fonce avec son véhicule sur deux militaires qui marchaient dans le stationnement d’un centre commercial à Saint-Jean-sur-Richelieu. L’adjudant Patrice Vincent, 53 ans, succombe le lendemain, de ses blessures, et son collègue qui l’accompagnait, plus chanceux, s’en tire.
Couture-Rouleau, que la GRC surveillait – des agents l’avaient rencontré 11 jours plus tôt –, est abattu au terme d’une poursuite policière. Durant sa fuite, il contacte le 911 pour dire qu’il agit au nom d’Allah.
Trois jours plus tard, le 22 octobre, Michael Zehaf-Bibeau, 32 ans, entre en scène. La capitale nationale est le théâtre de l’impensable. Zehaf-Bibeau, qui a été élevé à Laval, mais qui a vécu dans d’autres provinces, abat le soldat Nathan Cirillo, 24 ans, alors que ce dernier montait la garde devant le Monument commémoratif de guerre du Canada.
Il se dirige ensuite vers le parlement canadien, qui est situé à deux pas de là. Il réussit à s’introduire dans le siège de la démocratie, alors que les caucus conservateurs et néo-démocrates sont réunis. Zehaf-Bibeau est abattu quelques minutes après son introduction dans l’édifice par le sergent d’armes Kevin Vickers. Dans le cas de Zehaf-Bibeau, les forces de l’ordre n’avaient rien vu venir.
NOUVELLE FORME DE GUERRE
Ces deux incidents ont rappelé aux Canadiens qu’une nouvelle forme de guerre, décentralisée et dont les attaques sont difficiles à prévoir, menace dorénavant leur tranquillité. Les événements d’Ottawa ont aussi permis de prendre conscience que les différents services de sécurité du parlement doivent travailler main dans la main pour mieux faire leur boulot.
Les experts se perdent en conjecture pour tenter de comprendre ce terrorisme nouveau genre. Il a beaucoup été question de troubles mentaux pour expliquer ces gestes isolés.
Le père de Martin Couture-Rouleau, Gilles Rouleau, avait demandé à plusieurs reprises aux autorités d’intervenir auprès de son fils en détresse, qui se radicalisait.