Le Journal de Quebec

Toutes les sociétés s’équivalent ?

- richard Martineau richard.martineau@quebecorme­dia.com

Hier, Josée Legault écrivait que Philippe Couillard faisait du patinage sémantique quand venait le temps de condamner les intégriste­s.

Le mot est faible. Je dirais quant à moi qu’il fait de la gymnastiqu­e intellectu­elle, du yoga mental, du Twister idéologiqu­e.

N’importe quoi pour ne pas appeler un chat un chat.

MONSIEUR COMPASSION

Vous avez vu ce que le premier ministre a dit à la femme du blogueur Raïf Badawi, condamné à être flagellé pour avoir critiqué le régime saoudien?

«C’est marginal, vous savez. Oui, je connais la réalité de ce pays-là, qui est assez compliquée en passant. Ça me permet peut-être de comprendre certains mots qui sont mentionnés ou certaines tournures d’expression­s…» Bonjour la compassion! Tu vas voir ton voisin en pleurant parce que ta maison a passé au feu et que tu as perdu un enfant dans le brasier, et il te dit: «Oui, mais ça n’arrive pas souvent, tu sais. Et les assurances vont sûrement te dédommager…»

Je comprends que Philippe Couillard est un chirurgien, et qu’il a été formé pour garder la tête froide dans toutes circonstan­ces, mais serait-ce trop demander que notre premier ministre parle parfois avec son coeur?

D’un côté, on a le PQ qui est trop émotif et qui monte en épingle la moindre petite histoire. Et de l’autre, le PLQ qui dégage autant de chaleur humaine qu’un broyeur à déchets pendant une panne d’électricit­é.

On parle ici d’un homme qui a été condamné à recevoir mille coups de fouet!

Un peu d’indignatio­n, peut-être, monsieur Couillard?

CHACUN SES COUTUMES

Mais dans la catégorie «On se met à quatre pattes devant l’intégrisme religieux, on baisse nos culottes et on fournit le lubrifiant», la médaille d’or va à François Larochelle.

Dans La Presse d’hier, cet ancien diplomate canadien qui a été en poste à Damas signait une lettre ouverte qui ferait passer Justin Trudeau pour un croisement entre Hulk, Dirty Harry et Chris Kyle, le héros du film American Sniper.

«N’est-ce pas de l’arrogance que de penser que nos valeurs soient nécessaire­ment supérieure­s? demandait-il, en parlant des pays islamistes comme l’Iran, l’Afghanista­n ou le Pakistan. Pourquoi ne pouvons-nous pas laisser d’autres sociétés se développer à leur rythme et cesser de vouloir imposer nos perspectiv­es?»

Des pays pratiquent l’excision sur des jeunes filles de sept ans? D’autres condamnent à mort les femmes qui ont eu la mauvaise idée de se faire violer? Bah, ça fait partie de leurs valeurs…

Qui sommes-nous pour leur dire que ce n’est pas correct?

Et ce sont des diplomates comme ça qu’on envoie aux quatre coins du monde pour faire la promotion des valeurs canadienne­s!

«Chez nous, les femmes peuvent devenir premières ministres, chez vous, elles n’ont pas le droit de conduire et ont besoin de la signature de leur fils de cinq ans pour aller se faire opérer… Chacun ses coutumes!

«C’est comme la nourriture: on mange des patates et vous mangez de la semoule…»

ILS CHOISISSEN­T L’OCCIDENT

Chaque année, des milliers de personnes risquent leur vie pour se réfugier en Occident.

Se pourrait-il que c’est parce qu’ils aiment nos valeurs?

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