L’amour au quotidien
Lorsqu’on est amoureux, L’On ne se quitte pas, même pour quelques heures sans un pincement au coeur
Les coups de foudre, la passion dévorante, le romantisme et le sentimentalisme seraient donc les attributs supérieurs de l’amour. Or, les amoureux dont les relations ont traversé l’épreuve du temps savent tous qu’après l’intensité, le tremblement de coeur, l’impatience du désir, l’amour se nourrit des petits plaisirs au quotidien.
Durant les périodes de ma vie, peu nombreuses, où je ne vivais pas en couple, c’était la vue d’un couple faisant des courses, d’un homme posant sa main sur l’épaule de la femme à ses côtés dans la rue, de deux amoureux s’embrassant furtivement avant de remonter dans leur voiture qui me ramenait brutalement à mon manque amoureux. C’était ces gestes routiniers faits d’attentions à peine perceptibles qui me chaviraient et rendaient pénible ma solitude, par ailleurs remplie d’amitié et de travail passionnant.
Ouvrir les yeux le matin et contempler la personne aimée qui dort paisiblement, entendre le bruit familier du rasoir électrique de notre Valentin, penser soudain à lui en plein coeur d’une activité professionnelle intense, arrêter une seconde le temps simplement pour éprouver ce bonheur vif qui nous effleure avant de s’envoler, n’est-ce pas aimer au-delà de la raison?
TROP DE MOTS
Il y a des amoureux silencieux, mais plus vibrants que des amoureux trop bavards. Lancer des «je t’aime» à gauche et à droite, manière de mitrailler les émotions n’assure pas la vérité de l’amour. La profondeur, l’architecture et la couleur du sentiment amoureux souvent s’accommodent mal de trop de mots. Des mots prononcés peut-être pour activer un sentiment défaillant ou perdu. Méfions-nous quelque peu des hommes qui affichent une plaque sur le parechoc avant de leur voiture où on lit «j’aime ma femme».
L’amour au quotidien sert de repos au guerrier comme à la guerrière. Dans la frénésie de la vie actuelle, l’amour protège au jour le jour contre l’agitation du malheur planétaire relayé par les réseaux sociaux, mais à la condition qu’on le mette à l’abri de ses prédateurs. En effet, l’amour résiste mal au cynisme systématique, à la superficialité, au poison de la compétition entre partenaires amoureux, au mensonge et à la mesquinerie du sentiment.
L’amour se nourrit également — et cela est paradoxal, étant donné que le thème abordé ici est la routine amoureuse — d’effets de surprise, d’imprévus et de folies partagées. L’on n’aime jamais mieux qu’en étant tendrement déstabilisé par celui ou celle qui partage notre vie. L’invitation au restaurant et la carte de la Saint-Valentin en ce 14 février font plaisir aux femmes. Non pas pour le repas ou la carte elle-même, mais pour l’intention et le temps consacré à organiser l’activité prévisible.
BOUFFÉES DE PASSION
L’amour au quotidien oscille entre la routine parfois lourde et des bouffées de passion incandescente. Lorsqu’on est amoureux, l’on ne se quitte pas, même pour quelques heures sans un pincement au coeur. Toujours au même endroit. Au creux de la poitrine. Comme au premier jour du début de cette aventure, unique et que l’on souhaite éternelle.
Et si la douleur est aussi intimement liée au sentiment amoureux? «Qui de nous deux partira le premier?», chante le poète Marc Ogeret. Le bonheur d’aimer est indissociable de la vie elle-même.
Bonne fête, les amoureux!