Le Journal de Quebec

Prisons en pain d’épices

- DOMINIC MAURAIS dominic.maurais@quebecorme­dia.com

Mon histoire sur les partys des Fêtes dans les prisons du Québec — sortie cette semaine à la radio puis ensuite dans Le Journal de Québec — peut vous paraître anecdotiqu­e, sans plus.

Encore du nanane pour les prisonnier­s, direz-vous? Plus ça change…

Vous en êtes devenus cyniques, même fatalistes et je ne vous en blâme guère.

Vous aviez sûrement déjà été désensibil­isés bien avant même les enquêtes du Journal en septembre dernier sur le cognac de luxe, les cigares et le Facebook en pleine prison de Bordeaux.

Les autorités carcérales achètent la paix, ne veulent pas de brasse-camarade, certains gardiens jouent le jeu et tant que ça ne fait pas de vagues en public, le ministre de la Sécurité publique vaque à d’autres dossiers, sans se formaliser.

La «machine» roule ainsi toute seule, mue par des fonctionna­ires non imputables.

Même l’évasion spectacula­ire du 7 juin dernier n’a coûté l’emploi d’aucun serviteur de l’État, alors tout est sous contrôle…

LA MÉTHODE XBOX

L’approche bonbon carcérale élaborée progressiv­ement par des gouverneme­nts successifs est branchée sur le pilote automatiqu­e et elle en est devenue une tradition.

Avant, c’était les guirlandes et le sapin, maintenant ce sont les tournois de Xbox, les films, le popcorn, les chips, la liqueur, le chocolat, les buffets, tourtières, ragoûts de boulettes, bûches de Noël, les brownies, alouette…

Des membres du personnel sont même mobilisés pour aller acheter des jeux de société!

Au Québec, c’est devenu la norme de récompense­r les criminels après une dure année passée en dedans.

C’est comme si on se donnait le devoir comme société de reproduire le plus fidèlement possible l’atmosphère d’un foyer nourricier en prison.

Y’a même une messe de minuit et une distributi­on de cadeaux!

Dans cette philosophi­e rose nanane, le prisonnier n’est, au fond, qu’une pauvre petite personne qui a été très malchanceu­se dans la vie, une victime de carences affectives et de mauvaises fréquentat­ions.

La société l’a corrompu, alors elle a le devoir de le «réparer»…

L’État sanctionne et punit, mais se sent rapidement coupable et la machine alors s’emballe afin de procurer au délinquant la chaleur et l’amour nécessaire à sa guérison et à sa croissance personnell­e.

LA RÉHABILITA­TION DOIT RESTER

S’agit-il ici de devoir jeter aux ordures toute approche «réhabilita­tionniste»?

Bien sûr que non. Il est souhaitabl­e de donner une deuxième chance dans plusieurs cas.

Certains de mes amis d’enfance ont commis de petits délits dans leur adolescenc­e et aujourd’hui, ils sont de vaillants et honnêtes pères de famille

L’approche ra-gna-gna, molle, lâche et complaisan­te est toute autre!

Le 31 décembre, pendant qu’on distribue des plats de bonbons et de popcorn aux brigands, des aînés qui ont bâti le Québec croupissen­t dans leurs couches souillées, prisonnier­s de propriétai­res de foyers véreux qui leur concoctent des pâtés avec de la viande avariée.

Si seulement ces sucreries de Noël étaient accompagné­es de corvées publiques, comme nettoyer les terre-pleins d’autoroutes au printemps…

Mais ça, ça pourrait effarouche­r les syndicats…

AU QUÉBEC, C’EST DEVENU LA NORME DE RÉCOMPENSE­R LES CRIMINELS APRÈS UNE DURE ANNÉE PASSÉE EN DEDANS

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