Prisons en pain d’épices
Mon histoire sur les partys des Fêtes dans les prisons du Québec — sortie cette semaine à la radio puis ensuite dans Le Journal de Québec — peut vous paraître anecdotique, sans plus.
Encore du nanane pour les prisonniers, direz-vous? Plus ça change…
Vous en êtes devenus cyniques, même fatalistes et je ne vous en blâme guère.
Vous aviez sûrement déjà été désensibilisés bien avant même les enquêtes du Journal en septembre dernier sur le cognac de luxe, les cigares et le Facebook en pleine prison de Bordeaux.
Les autorités carcérales achètent la paix, ne veulent pas de brasse-camarade, certains gardiens jouent le jeu et tant que ça ne fait pas de vagues en public, le ministre de la Sécurité publique vaque à d’autres dossiers, sans se formaliser.
La «machine» roule ainsi toute seule, mue par des fonctionnaires non imputables.
Même l’évasion spectaculaire du 7 juin dernier n’a coûté l’emploi d’aucun serviteur de l’État, alors tout est sous contrôle…
LA MÉTHODE XBOX
L’approche bonbon carcérale élaborée progressivement par des gouvernements successifs est branchée sur le pilote automatique et elle en est devenue une tradition.
Avant, c’était les guirlandes et le sapin, maintenant ce sont les tournois de Xbox, les films, le popcorn, les chips, la liqueur, le chocolat, les buffets, tourtières, ragoûts de boulettes, bûches de Noël, les brownies, alouette…
Des membres du personnel sont même mobilisés pour aller acheter des jeux de société!
Au Québec, c’est devenu la norme de récompenser les criminels après une dure année passée en dedans.
C’est comme si on se donnait le devoir comme société de reproduire le plus fidèlement possible l’atmosphère d’un foyer nourricier en prison.
Y’a même une messe de minuit et une distribution de cadeaux!
Dans cette philosophie rose nanane, le prisonnier n’est, au fond, qu’une pauvre petite personne qui a été très malchanceuse dans la vie, une victime de carences affectives et de mauvaises fréquentations.
La société l’a corrompu, alors elle a le devoir de le «réparer»…
L’État sanctionne et punit, mais se sent rapidement coupable et la machine alors s’emballe afin de procurer au délinquant la chaleur et l’amour nécessaire à sa guérison et à sa croissance personnelle.
LA RÉHABILITATION DOIT RESTER
S’agit-il ici de devoir jeter aux ordures toute approche «réhabilitationniste»?
Bien sûr que non. Il est souhaitable de donner une deuxième chance dans plusieurs cas.
Certains de mes amis d’enfance ont commis de petits délits dans leur adolescence et aujourd’hui, ils sont de vaillants et honnêtes pères de famille
L’approche ra-gna-gna, molle, lâche et complaisante est toute autre!
Le 31 décembre, pendant qu’on distribue des plats de bonbons et de popcorn aux brigands, des aînés qui ont bâti le Québec croupissent dans leurs couches souillées, prisonniers de propriétaires de foyers véreux qui leur concoctent des pâtés avec de la viande avariée.
Si seulement ces sucreries de Noël étaient accompagnées de corvées publiques, comme nettoyer les terre-pleins d’autoroutes au printemps…
Mais ça, ça pourrait effaroucher les syndicats…
AU QUÉBEC, C’EST DEVENU LA NORME DE RÉCOMPENSER LES CRIMINELS APRÈS UNE DURE ANNÉE PASSÉE EN DEDANS