Le Journal de Quebec

Une libération sous caution qui choque

Le sénateur Boisvenu est indigné du fait que celui qui aurait agressé un petit bébé à Drummondvi­lle ne soit plus détenu

- Michaël Nguyen lMNguyenJD­M

C’est carrément choquant que l’homme accusé d’avoir agressé sexuelleme­nt un bébé d’à peine trois mois ait été remis en liberté sous caution, croit le sénateur Pierre-Hugues Boisvenu.

«Le bébé n’avait que trois mois, il ne pouvait pas se défendre, s’est indigné le sénateur conservate­ur. Il fallait prendre en compte la gravité du geste!»

Il ne mâche pas ses mots. Selon lui, Alexandre Houle n’aurait pas dû être remis en liberté. Et la Couronne aurait dû se battre pour le garder derrière les barreaux en attendant son procès.

«On a accordé plus d’importance à l’accusé qu’au bambin», déplore-t-il.

Houle, un employé du CSSS de Drummondvi­lle, a été arrêté il y a quelques jours après avoir appelé luimême les services d’urgence pour un poupon qu’il gardait.

Car en voulant forcer un acte sexuel, il aurait étouffé le bambin et il n’aurait pas eu le choix de composer le 911.

Après une nuit en détention, l’homme de 33 ans a été remis en liberté sous de strictes conditions, dont celles de ne pas s’approcher d’un jeune de moins de 16 ans ou de tous lieux où il pourrait y avoir des enfants, ainsi que de suivre les thérapies recommandé­es par ses médecins.

«La seule façon de savoir s’il brise ses conditions, c’est s’il agresse un autre enfant», s’est insurgé le

sénateur qui milite pour le durcisseme­nt des lois.

LA LIBERTÉ PRIME

Ces propos ne sont toutefois pas unanimes. «Les propos du sénateur Boisvenu font fi de sa connaissan­ce du dossier de la Cour, affirme le criminalis­te Me Patrick Davis, il cherche une tribune pour attiser l’opinion publique, pour radicalise­r une droite, et il fait ça sans comprendre les principes juridiques.»

L’avocat d’expérience rappelle d’ailleurs qu’en règle générale la liberté sous caution a préséance sur la détention.

«Même si les faits sont choquants, il y a la présomptio­n d’innocence, a-t-il expliqué. À ce stade, le but n’est pas de déclarer coupable ou non.»

Et si l’accusé n’a pas d’antécédent­s criminels, comme c’est le cas de Houle, les chances de libération sont plus importante­s, ajoute-t-il.

«En gros, il y a la dangerosit­é de l’individu, le risque de récidive [pendant la liberté sous caution] et la confiance du public envers l’administra­tion de la justice», explique pour sa part le criminalis­te Me George Calaritis.

Du côté du Directeur des poursuites criminelle­s et pénales, on se garde bien de commenter le cas spécifique de Houle.

«Il est périlleux de commenter une affaire sans posséder l’ensemble de l’informatio­n et la preuve admissible à la Cour», a déclaré le porte-parole Me Jean-Pascal Boucher.

Mais il assure que les procureurs prennent en compte toute la preuve avant de prendre des décisions dans des dossiers.

– Avec la collaborat­ion de Caroline Lepage

 ??  ?? Alexandre Houle a été remis en liberté sous de strictes conditions après avoir été arrêté sous deux chefs d’incitation à des contacts sexuels et d’agression sexuelle sur un bébé âgé d’à peine trois mois.
Alexandre Houle a été remis en liberté sous de strictes conditions après avoir été arrêté sous deux chefs d’incitation à des contacts sexuels et d’agression sexuelle sur un bébé âgé d’à peine trois mois.
 ??  ??
 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Canada