Le Journal de Quebec

RECORD D’ANTIDÉPRES­SEURS CHEZ NOS JEUNES

Hausse de 65% en 10 ans

- Daphnée Dion-Viens

Les jeunes Québécois sont plus nombreux que jamais à consommer des antidépres­seurs, révèlent des données obtenues par Le Journal. Un constat qui inquiète plusieurs experts.

Le nombre de jeunes Québécois qui ont recours à des antidépres­seurs grimpe en flèche, a appris Le Journal. Une situation qui serait liée à l’augmentati­on des problèmes d’anxiété, selon des experts.

Des données obtenues auprès de la Régie de l’assurance maladie révèlent que 2931 jeunes de 18 ans et moins ont consommé des antidépres­seurs en 2014, un nombre en hausse de 65 % par rapport à la situation observée 10 ans plus tôt. Il s’agit d’un niveau record.

MAL DE VIVRE

Les antidépres­seurs sont prescrits aux enfants qui souffrent d’un mal de vivre, mais aussi à ceux qui souffrent d’un sérieux trouble anxieux, explique la psychiatre Annick Vincent.

«Ce sont les deux principale­s raisons pour prescrire des antidépres­seurs à un jeune», affirme-t-elle.

Dans le cas d’un jeune anxieux, la psychothér­apie est le traitement numéro un, ajoute la Dre Vincent. Le recours aux médicament­s peut être nécessaire dans des cas graves, mais ne doit surtout pas être systématiq­ue, dit-elle.

La hausse reste difficile à expliquer, ajoute Annick Vincent. Il existe maintenant des antidépres­seurs pour les adolescent­s homologués par Santé Canada, ce qui n’était pas le cas il y a 10 ans. «Peut-être qu’il y a des jeunes qui en avaient besoin avant, à qui on n’en avait pas prescrit», avance-t-elle prudemment.

De son côté, le docteur en neuroscien­ce Joël Monzée affirme que le recours aux médicament­s est un «réflexe trop facile». Dans le système de santé québécois, les pilules sont plus accessible­s que les psychologu­es, déplore-t-il.

DES CHIFFRES «PRÉOCCUPAN­TS»

Diane Marcotte, professeur­e de psychologi­e à l’UQAM, trouve aussi ces chiffres «préoccupan­ts». Elle y voit un lien avec l’anxiété, puisque «l’anxiété mène à la dépression dans beaucoup de cas», ajoute cette spécialist­e de la santé mentale chez les jeunes.

Selon différente­s études, de 15 à 20 % des jeunes présentent des symptômes d’anxiété, selon Mme Marcotte.

Ces jeunes sont de plus en plus visibles dans les écoles. «C’est sûr qu’il y en a beaucoup plus qu’avant», lance Carl Ouellet, directeur de l’école secondaire Samuel-De Champlain, à Beauport.

À la clinique Amis-Maux, à Québec, le nombre de consultati­ons pour des problèmes d’anxiété chez les jeunes est «vraiment en croissance depuis quelques années; c’est frappant», affirme sa propriétai­re, Valérie Gosselin.

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