Le Journal de Quebec

Au pays du déficit...

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La rentrée parlementa­ire aurait pu être plus triste pour le premier ministre Couillard. Bien sûr, les manchettes des journaux et les bulletins télévisés font l’étalage quotidien des malheurs causés par le respect des cibles budgétaire­s.

Mais voilà que le chef en devenir du PQ, Pierre Karl Péladeau, chamboule la routine politicien­ne en annonçant une élection préréféren­daire dans trois ans.

«Quand on va se présenter [devant l’électorat] en 2018, nous n’aurons pas un programme à développer à la dernière minute», a-t-il expliqué mercredi aux étudiants de l’Université Laval en dévoilant la création de l’Institut de recherche scientifiq­ue et appliquée sur l’indépendan­ce du Québec.

Avant de parler d’indépendan­ce, le budget de l’an 1 doit être effectivem­ent mis à jour. Celui qu’avaient élaboré François Legault et Nicolas Marceau en 2005 reposait sur les surplus budgétaire­s fédéraux… qui n’existent plus!

TRANSFERTS FÉDÉRAUX

Les chercheurs du PQ devront aussi trouver une façon crédible de combler le trou que laisserait la soustracti­on des transferts fédéraux. Au net, conclut l’Institut de la statistiqu­e du Québec, le solde de la Belle Province auprès d’Ottawa est négatif d’au moins dix milliards, en excluant la part du Québec sur les intérêts de la dette fédérale. La reddition des comptes ne sera pas facile...

Par ailleurs, le scénario qu’avance Pierre Karl Péladeau confronter­a les Québécois à un choix sans avoir à tirer une troisième (et dernière?) cartouche référendai­re. Mais on saura tous qu’un Oui à PKP, ce sera un Oui au pays.

La perspectiv­e d’un quasiréfér­endum réjouit évidemment les libéraux. Avril 2014, Prise 2!, disent-ils. À l’Assemblée nationale, jeudi, Philippe Couillard a plastronné: «Je voudrais les remercier personnell­ement d’avoir déjà posé la question électorale de 2018».

PAS FACILE

Même soutenu par des sondages favorables, le gouverneme­nt libéral n’aura toutefois pas un passage facile à franchir d’ici là. Contrôler les dépenses après des années de laisser-aller fait des mécontents. Et la gauche militante, inspirée par les Grecs, reprendra du service au printemps. La paix sociale sera rompue.

Le programme budgétaire libéral est simple: une fois le déficit zéro atteint, un écart favorable de 2 % sera maintenu en faveur des revenus; c’est le contraire du déficit chronique.

Cette année, les revenus atteindron­t 100,1 milliards et les dépenses consolidée­s devraient plafonner à 98,8 milliards. L’excédent sera versé au Fonds des génération­s. La CAQ préférerai­t un véritable remboursem­ent de nos emprunts mais appuie l’idée de réduire la dette. Chez Québec solidaire comme dans les centrales syndicales, on voudrait reporter l’équilibre budgétaire à plus tard. C’est une question de point de vue et d’intérêts particulie­rs…

TAXER LES RICHES

Au PQ, on joue sur deux tableaux en dénonçant les compressio­ns les unes après les autres tout en appuyant le déficit zéro. Il serait plus simple de taxer les riches, bien sûr! Ou les banques, encore mieux! Mais subvention­ner davantage l’économie pour susciter des revenus de manière à libérer la dépense publique est irréaliste: le PIB devrait bondir de 5 à 10 % pour combler le déficit et satisfaire les demandes syndicales. L’économie prend du mieux mais n’atteindra jamais plus de tels sommets.

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