À la merci des conditions météo
Laurent Dubreuil est l’un des rares patineurs à s’entraîner sur un anneau extérieur
« JE NE SERAIS PAS CONFORTABLE DE PATINER À – 10 °C. JE N’ATTEINDRAIS PAS LA MÊME QUALITÉ TECHNIQUE DANS MES MOUVEMENTS. »
HEERENVEEN | Pendant son entraînement d’hier, Laurent Dubreuil n’a rien vu des 6 °C et du soleil qui avait enfin chassé les nuages gris des derniers jours sur Heerenveen. Mais tant pis pour ce cadeau du ciel quand on peut patiner à l’intérieur!
L’histoire se réécrit à chaque grand événement mondial de la longue piste auquel participe tout patineur du Centre national d’entraînement Gaétan Boucher: le froid, le vent et les saletés sur la glace de l’ovale extérieur imposent aux athlètes québécois des conditions d’entraînement difficiles que ne vivent pas leurs concurrents étrangers.
«Les joueurs des Remparts se sont entraînés sur une patinoire extérieure, il y a trois semaines, et c’est devenu un événement pour les journaux et les radios à Québec. Il faisait - 20 degrés et on a entendu tous les moyens qui avaient été mis à leur disposition pour éviter qu’ils gèlent. Ça m’a fait sourire. C’est ce qu’on vit chaque jour», soulève Gregor Jelonek, qui qualifie la saison actuelle comme l’une des pires parmi ses 20 années d’entraîneur pour les contraintes que leur a fait subir la météo.
DÉSAVANTAGE
L’air glacial de janvier a privé Dubreuil d’entraînement de qualité durant une période critique de sa préparation en vue de ces championnats mondiaux. Doit-on y voir une forme de combat à armes inégales face aux puissances du 500 m de la planète?
«Oui, aucun doute», répond du tac au tac le Québécois.
«Le meilleur exemple pour le démontrer m’est arrivé en début de saison. Entre mon retour des sélections de la Coupe du monde à Calgary, le 26 octobre, et mon départ pour l’Asie, le 6 novembre, je n’ai pas patiné du tout parce que la glace n’était pas encore prête à Québec. Quand je suis arrivé au Japon, j’avais perdu le «feeling» et j’étais rouillé. Ça a été mes pires courses de la saison», relate Dubreuil, qui dit toutefois accepter son sort face à la concurrence.
« UN MAUVAIS MESSAGE »
Depuis que le maire Régis Labeaume a décalé dans sa liste de priorités le projet d’un anneau couvert, en mai 2014, Gregor Jelonek dit ne pas se laisser aller au découragement dans cet espace de travail unique dans lequel il doit manoeuvrer. Mais il projette sa réflexion au-delà du déplaisir de se geler les orteils.
«On entend souvent des gens dire: «qu’ils aillent donc s’entraîner à Calgary». Moi, je dis plutôt que ça envoie un mauvais message quand on accepte qu’il existe un anneau couvert depuis 25 ans à Calgary et aucun dans l’est du pays. Il y a une responsabilité provinciale dans la fierté à développer le potentiel de ses athlètes et, surtout, à voir à conserver ces talents.»