Une municipalité plus grande que 156 pays
Chaque conseil municipal coûte 27 000 $ en déplacement
Si le gouvernement régional d’Eeyou Istchee Baie-James était un pays, sa superficie serait plus grande que celle de 156 pays, ce qui en fait la plus grande municipalité du monde.
La municipalité est tellement grande que tenir une réunion du conseil municipal coûte environ 27 000 $ en frais de déplacement et en traduction pour les élus. Les réunions doivent être traduites en français, en anglais et en cri.
Lors de la dernière réunion, à la fin janvier, qui avait lieu dans la communauté crie de Nemaska, il a fallu déplacer les élus à bord de deux avions, un qui provenait de Chibougamau et l’autre de Matagami.
35 000 HABITANTS
Le chef de la communauté de Chisasibi a plutôt opté pour la voiture, mais il a dû rouler sur une distance de plus de 500 km pour l’aller seulement, soit l’équivalent de la distance entre Montréal et Val-d’Or.
Créée en janvier 2014, cette immense municipalité de 340 500 km2 est gérée conjointement par les cris et les communautés blanches de la Jamésie. Bien qu’elle soit très vaste, seulement 35 000 personnes y habitent.
Malgré sa faible population, le territoire est convoité par plusieurs entreprises minières, des promoteurs éoliens en plus du développement hydroélectrique et touristique.
« La plupart des gens du Québec ont de la difficulté à imaginer les distances colossales qui séparent les villages. Le territoire reste largement méconnu. Mais quelques-uns des plus gros projets de développement économique se passent chez nous et ont des retombées pour tout le Québec», a indiqué la présidente du territoire, Manon Cyr.
2900 KM POUR LES DÉCHETS
Un autre signe de l’immensité du territoire est la distance que doit franchir le camion pour la collecte des ordures ménagères.
Pendant l’été, il parcourt 2900 km pour vider tous les bacs sur le bord des routes, ce qui lui prend de cinq à huit jours avant
de revenir à son point de départ.
PLAN NORD
Les neuf communautés autochtones et les villes de Chibougamau, Chapais, Lebel- sur- Quévillon, Matagami et Villebois, qui forment le gouvernement régional demeurent indépendantes et gèrent leur propre développement.
Le nouveau gouvernement est l’équivalent d’une MRC et d’une Conférence régionale des élus.
«On est le territoire des paradoxes. Autant c’est grand, autant il y a peu de gens. Mais en même temps, c’est chez nous que le développement économique du Québec va se faire. On veut des retombées chez nous, et le gouvernement régional sera un intervenant privilégié dans le cadre du Plan Nord», a indiqué Mme Cyr.
Selon la présidente, le Plan Nord va se faire, mais peut-être pas aussi vite que l’avait prévu le gouvernement. «Il faut investir dans les infrastructures maintenant afin d’être prêts quand le prix des métaux va remonter», a indiqué Mme Cyr.