À quelque chose, malheur est bon
Réaction à la chronique du 12 février de M. Mario Asselin.
J’étais directeur d’un établissement privé d’enseignement tout comme vous au moment des premiers balbutiements de cette réforme dont vous parliez dans une récente chronique.
Je n’ai pas du tout partagé l’enthousiasme qui fut le vôtre dans l’implantation de cette réforme. Je fis partie de ceux qui résistèrent farouchement et à qui les dérapages de cette «révolution» dite scientifique donnèrent raison. Je croyais cette réforme inutile compte tenu des efforts déployés depuis 1980 pour structurer la démarche d’enseignement et d’apprentissage.
Et déjà, bien avant la réforme, nous étions convaincus qu’il fallait mettre l’accent sur l’apprentissage plutôt que l’enseignement. Et nous croyions fermement que c’est en produisant des textes qu’un élève apprend à écrire et non en mémorisant des règles de grammaire. Il aurait suffi d’ajuster notre démarche en tenant compte des conclusions des États généraux pour éviter l’échec lamentable de cette réforme que nous constations déjà en 2010.
Les États généraux de 1995 en effet ne demandaient rien d’autre que le renforcement des matières dites de base et l’élimination de matières superflues (introduites le plus souvent sous la pression politique de groupes d’intérêt) et la révision des programmes dans une perspective d’enrichissement culturel. (…) La réforme fut donc l’occasion d’un détournement éhonté des conclusions des États généraux qui servirent de prétexte à l’introduction d’une philosophie de l’Éducation entraînant des transformations de nature sociale plus que pédagogique qui n’avaient rien à voir avec les attentes de la population et des éducateurs.
Connaissant l’ardeur que vous avez mise à convaincre de la nécessité d’implanter cette réforme, je comprends que vous lui reconnaissiez quelques mérites qui sont vérifiables en effet. À quelque chose, malheur est bon, pourrait-on dire. Mais ce progrès aurait été possible sans la réforme, en poursuivant tout simplement la démarche entreprise en 1980.
Louis Dion Directeur d’un établissement
privé, aujourd’hui retraité