Le Journal de Quebec

Le moment de Martine Ouellet

- christian dufour christian.dufour@quebecorme­dia.com

Martine ouellet fait preuve en comparaiso­n de beaucoup d’assurance

En politique comme dans la vie, le timing est crucial. L’important est souvent moins d’avoir raison que d’avoir raison ou de dire les bonnes choses au bon moment.

Cela est tout particuliè­rement évident pour la candidate à la chefferie péquiste, Martine Ouellet, comme on a pu le constater entre autres à Tout le monde en parle dimanche dernier.

PROPOS CLAIRS

Révélation de ce début de course, la députée de Vachon s’avère bien placée pour incarner la tradition de gauche au coeur d’un parti faisant l’objet d’une prise de contrôle par cet homme de droite que reste vraisembla­blement M. Péladeau.

Autant Mme Ouellet semblait «ne pas l’avoir» à titre de ministre des Ressources naturelles du gouverneme­nt Marois, se faisant même voler le mérite de la nouvelle loi des mines par le caquiste François Bonnardel, autant son discours apparaît adapté au contexte maintenant.

Ses compétiteu­rs péquistes ne savent trop comment manoeuvrer face au grand favori, Pierre Karl Péladeau, dont on ne sait combien de temps le côté téflon lui permettra d’éviter les conséquenc­es de ses maladresse­s. Martine Ouellet fait preuve en comparaiso­n de beaucoup d’assurance, avec ses propos clairs et assumés sur la souveraine­té et la sociale démocratie.

Tout y est: les façons avenantes d’une femme qui passe bien l’écran et sait vulgariser, rappelant par la bande sa prosaïque formation d’ingénieur ayant travaillé à Hydro-Québec, loin en principe des lubies de Québec solidaire.

On en oublierait presque que Mme Ouellet est une radicale de gauche qui avait la réputation de n’être ni facile ni particuliè­rement compétente dans le gouverneme­nt Marois!

FEMME DE POUVOIR

Si la politique est parfois faite de choses qui ne devaient pas arriver et arrivent, les chances de la députée de Vachon de remporter la chefferie péquiste semblent nulles. Même dans l’hypothèse de l’effondreme­nt de la candidatur­e Péladeau, Bernard Drainville ou Alexandre Cloutier seraient objectivem­ent mieux placés.

Mme Ouellet apparaît cependant en mesure de devenir la caution de gauche d’un parti où cela reste crucial, pour ensuite négocier certaines de ses priorités avec le vainqueur.

C’est là où la carte finale de Dany Turcotte manquait de perspicaci­té à Radio-Canada dimanche dernier. Car Mme Ouellet ne s’est pas trompée de parti, comme Michelle Richard s’est trompée d’avion; elle ne serait pas mieux à Québec solidaire, dont les sparages cachent mal qu’on aide objectivem­ent le gouverneme­nt Couillard.

Le parcours politique de la députée de Vachon montre au contraire que, toute radicale de gauche et indépendan­tiste pressée qu’elle soit, elle a choisi le pouvoir. Non échaudée par son éprouvant baptême du feu aux ressources naturelles, elle en redemande.

Cela est rare dans des milieux où on se satisfait souvent de chimères bienpensan­tes qui ne se réaliseron­t jamais. Reste à savoir si Mme Ouellet sera suffisamme­nt pragmatiqu­e pour déterminer la ou les priorités qu’elle pourrait imposer à un éventuel premier ministre Péladeau.

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Canada