Le moment de Martine Ouellet
Martine ouellet fait preuve en comparaison de beaucoup d’assurance
En politique comme dans la vie, le timing est crucial. L’important est souvent moins d’avoir raison que d’avoir raison ou de dire les bonnes choses au bon moment.
Cela est tout particulièrement évident pour la candidate à la chefferie péquiste, Martine Ouellet, comme on a pu le constater entre autres à Tout le monde en parle dimanche dernier.
PROPOS CLAIRS
Révélation de ce début de course, la députée de Vachon s’avère bien placée pour incarner la tradition de gauche au coeur d’un parti faisant l’objet d’une prise de contrôle par cet homme de droite que reste vraisemblablement M. Péladeau.
Autant Mme Ouellet semblait «ne pas l’avoir» à titre de ministre des Ressources naturelles du gouvernement Marois, se faisant même voler le mérite de la nouvelle loi des mines par le caquiste François Bonnardel, autant son discours apparaît adapté au contexte maintenant.
Ses compétiteurs péquistes ne savent trop comment manoeuvrer face au grand favori, Pierre Karl Péladeau, dont on ne sait combien de temps le côté téflon lui permettra d’éviter les conséquences de ses maladresses. Martine Ouellet fait preuve en comparaison de beaucoup d’assurance, avec ses propos clairs et assumés sur la souveraineté et la sociale démocratie.
Tout y est: les façons avenantes d’une femme qui passe bien l’écran et sait vulgariser, rappelant par la bande sa prosaïque formation d’ingénieur ayant travaillé à Hydro-Québec, loin en principe des lubies de Québec solidaire.
On en oublierait presque que Mme Ouellet est une radicale de gauche qui avait la réputation de n’être ni facile ni particulièrement compétente dans le gouvernement Marois!
FEMME DE POUVOIR
Si la politique est parfois faite de choses qui ne devaient pas arriver et arrivent, les chances de la députée de Vachon de remporter la chefferie péquiste semblent nulles. Même dans l’hypothèse de l’effondrement de la candidature Péladeau, Bernard Drainville ou Alexandre Cloutier seraient objectivement mieux placés.
Mme Ouellet apparaît cependant en mesure de devenir la caution de gauche d’un parti où cela reste crucial, pour ensuite négocier certaines de ses priorités avec le vainqueur.
C’est là où la carte finale de Dany Turcotte manquait de perspicacité à Radio-Canada dimanche dernier. Car Mme Ouellet ne s’est pas trompée de parti, comme Michelle Richard s’est trompée d’avion; elle ne serait pas mieux à Québec solidaire, dont les sparages cachent mal qu’on aide objectivement le gouvernement Couillard.
Le parcours politique de la députée de Vachon montre au contraire que, toute radicale de gauche et indépendantiste pressée qu’elle soit, elle a choisi le pouvoir. Non échaudée par son éprouvant baptême du feu aux ressources naturelles, elle en redemande.
Cela est rare dans des milieux où on se satisfait souvent de chimères bienpensantes qui ne se réaliseront jamais. Reste à savoir si Mme Ouellet sera suffisamment pragmatique pour déterminer la ou les priorités qu’elle pourrait imposer à un éventuel premier ministre Péladeau.