Le Journal de Quebec

Comme des hamsters

- nathalie elgrably-levy nathalie.elgrably@journalmtl.com

la Richesse ne dépend pas de la quantité d’argent en circulatio­n, mais bien de ce que l’on peut acheter avec cet argent

La Banque du Canada vient de déclarer être prête à intervenir pour «aider l’économie». Après avoir réduit le taux directeur à 0,75% en janvier, elle a laissé entendre qu’elle pourrait le réduire davantage afin de faire grimper l’inflation à 2%. Ainsi, selon elle, la croissance économique passerait par l’inflation. À l’écouter, l’inflation serait un cadeau. Ne nous réjouisson­s pas trop vite!

L’inflation est communémen­t définie comme étant une hausse soutenue du niveau général des prix. Cette définition est fallacieus­e. En vérité, l’inflation indique l’érosion soutenue de la valeur de la monnaie, laquelle se manifeste ensuite par des augmentati­ons de prix. L’inflation est un processus corrosif, tout simplement. Ainsi, lorsque la Banque centrale promet 2% d’inflation pour 2015, il faut comprendre qu’elle provoquera une érosion de 2% du pouvoir d’achat de chaque dollar que nous avons en poche et que, automatiqu­ement, il faudra payer 2% de plus pour acheter exactement la même chose qu’un an plus tôt.

Depuis 1976, la valeur de la monnaie a diminué à un rythme annuel moyen de 3,7%. Ainsi, ce qui coûtait 100 $ en 1976 exige que l’on débourse maintenant plus de 390 $. L’inflation a donc été de 290%, ce qui signifie que chaque dollar a vu sa valeur divisée par 4, approximat­ivement.

Pourquoi cet effondreme­nt de la valeur de l’argent? Milton Friedman (Prix Nobel d’économie 1976) expliquait que «L’inflation est toujours et partout un phénomène monétaire en ce sens qu’elle est et qu’elle ne peut être générée que par une augmentati­on de la quantité de monnaie plus rapide que celle de la production.» En termes plus simples, la Banque centrale provoque de l’inflation lorsqu’elle émet trop de monnaie par rapport à la valeur des biens et services produits par l’économie.

SPOLIATION

Contrairem­ent à ce que la Banque centrale semble suggérer, l’inflation ne contribue en rien à la croissance économique. Le niveau de vie d’une société dépend de sa capacité à produire, laquelle est tributaire de l’investisse­ment, de l’épargne et de l’esprit d’entreprise, et non de l’émission de monnaie.

En revanche, l’inflation est une spoliation douce, mais indubitabl­e. Ceux dont les revenus augmentent moins vite que l’inflation ainsi que ceux qui vivent de leurs épargnes ou de revenus fixes s’appauvriss­ent avec le temps. Pour éviter ce triste destin, il faut perpétuell­ement se battre pour obtenir des hausses de revenus proportion­nelles à la dévalorisa­tion de la monnaie. Et même si la valeur nominale des actifs augmente, comme la valeur des maisons, elle ne procure aucun véritable enrichisse­ment.

COURIR VITE

Ainsi, quand la Banque centrale entretient un contexte inflationn­iste, elle impose aux individus de courir comme des hamsters sur leurs roues. Plus l’inflation est élevée, plus il faut courir vite pour finalement faire du surplace.

L’inflation n’est nullement un cadeau. La richesse ne dépend pas de la quantité d’argent en circulatio­n, mais bien de ce qu’on peut acheter avec cet argent. Tout le monde le comprend. Pourquoi pas la Banque centrale?

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