Du sirop d’érable insalubre
Deux inspecteurs critiquent l’état d’un entrepôt du Centre-du-Québec
L’Agence canadienne d’inspection des aliments (ACIA) tape sur les doigts du regroupement des producteurs de sirop d’érable, qui a laissé une partie de son entrepôt principal dans un état lamentable.
«La quantité de sirop [sur le plancher] est si importante qu’il y a fuite vers l’extérieur par le ciment et une porte», ont constaté les inspecteurs de l’ACIA le 2 septembre dernier au plus gros des trois entrepôts de sirop d’érable de la Fédération des producteurs acéricoles du Québec ( FPAQ), situé à Laurierville, dans le Centredu-Québec.
C’est là que dorment 62 800 barils de sirop d’érable, soit plus de la moitié de la production en réserve.
L’Agence a découvert ce jour- là une section insalubre, avec des barils ayant explosé après leur gonflement dû à la fermentation de sirop d’érable périmé.
PLEIN LE PLANCHER
Le rapport d’inspection obtenu par Le Journal est assorti de photos de leur visite. On y voit entre autres des flaques de sirop d’érable cristallisé après des semaines à traîner au sol. Des dizaines de guêpes mortes et vivantes s’y agglutinent.
«Je suis choqué par ces photos, qui vont ternir l’image de toute l’industrie du sirop d’érable, qui est notre fleuron agroalimentaire dans le monde, estime Benoit Girouard, président de l’Union paysanne. Pour nous, c’est la goutte d’eau dans la mer de griefs contre la Fédération, qui dépossède les producteurs de sirop d’érable en plus de mal gérer leur entreposage».
Le rapport ne concerne que la partie de l’entrepôt réservée à du sirop d’érable saisi par la Sûreté du Québec. «Nous ne pouvions pas y toucher, sur ordre de la cour. Je vous assure que le reste de l’entrepôt est très propre», dit Caroline Cyr, porte-parole de la FPAQ.
SIROP DE POLICE
À l’été 2012, la Fédération a été victime d’un vol de pas moins de 10 000 barils. Ce sirop insalubre est une partie des barils retrouvés depuis et entreposés en attendant la fin des procédures judiciaires.
C’est pourtant la Fédération que l’ACIA critique dans son rapport, pas la SQ. La Fédération s’était d’ailleurs engagée en 2013 à «s’assurer que le sirop volé qu’elle parviendra à récupérer sera adéquatement analysé et traité [...] avant qu’il ne soit remis sur le marché».
La Fédération soutient que la cour a autorisé le nettoyage il y a seulement deux semaines. Dans son rapport, l’ACIA exigeait un plan d’action le 16 septembre 2014.
Le FPAQ n’a pas reçu d’amende pour cette faute. Aucune sanction n’est prévue dans le Règlement sur les produits de l’érable, nous a répondu l’ACIA.