Une démocratie fragile
LAGOS | (AFP) Le report de six semaines des élections générales au Nigeria, qui auraient dû se tenir hier, officiellement pour en finir avec Boko Haram, suscite un vaste débat, certains analystes jugeant qu’il en va de l’avenir de la démocratie dans le pays.
«Les six prochaines semaines seront émaillées de luttes difficiles pour protéger la démocratie durement acquise par le Nigeria», le pays plus peuplé d’Afrique avec 173 millions d’habitants, estime Nnamdi Obasi, chercheur du groupe de réflexion International Crisis Group.
Le Nigeria devait organiser hier une présidentielle, des législatives et des sénatoriales, qui ont été reportées au 28 mars. Les élections des gouverneurs et des Assemblées des États, initialement fixées au 28 février, ont été également décalées, au 11 avril.
La Commission électorale nationale indépendante a annoncé ce report seulement sept jours avant les scrutins, auxquels 69 millions de Nigérians sont appelés à voter.
La raison officielle est l’indisponibilité des forces de défense pour sécuriser le vote, car elles sont mobilisées contre le groupe islamiste armé Boko Haram. Depuis 2009, l’insurrection islamiste dans le nord-est du pays et sa répression brutale par les forces de sécurité ont fait plus de 13 000 morts et 1,5 million de déplacés au Nigeria.
L’armée nigériane a régulièrement été critiquée pour son inefficacité contre le groupe islamiste, qui a multiplié les attaques ces dernières semaines dans le pays et contre les pays frontaliers (Cameroun, Niger et Tchad). Depuis plusieurs jours, les autorités fédérales s’emploient à rassurer, fondant beaucoup d’espoirs sur la coalition régionale anti-Boko Haram qui compte 8700 hommes.