Le Journal de Quebec

Vernon Subutex

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On a toujours eu un faible pour Virginie Despentes. Non seulement parce qu’elle n’a jamais eu la plume dans sa poche, mais parce qu’elle parvient toujours à nous bousculer. Et depuis qu’on a lu le premier tome de Vernon Subutex – dont la suite devrait paraître au printemps –, on l’apprécie encore plus.

Vernon Subutex a été l’un des disquaires les plus populaires de Paris pendant 25 ans. Un gagne-pain de rêve pour qui aime le rock, les groupies à la cuisse légère, les confidence­s de musiciens un peu piqués et les soirées bien poudrées. Mais le marché ayant évolué de façon imprévue, Vernon a dû fermer boutique en 2006. Au début, ça n’a pas été trop catastroph­ique: en vendant ce qui lui restait de vinyles et d’affiches sur eBay, il a pu continuer à mener une vie relativeme­nt normale. Et lorsque l’équivalent français de l’assurance-emploi a cessé de lui verser des prestation­s, il a simplement coupé sur la nourriture et les cigarettes en demandant de temps en temps à son vieux pote Alex Bleach de payer ses innombrabl­es loyers de retard.

À l’instar de bien des superstars du rock, Alex se défonce cependant allègremen­t et lorsque son cadavre sera découvert dans la baignoire d’une chambre d’hôtel, Vernon perdra tour à tour appartemen­t et dignité. Car après avoir écumé tous ses contacts Facebook pour crécher à l’oeil, il se retrouvera carrément à la rue… même si quantité de personnes ne demandent qu’à lui offrir le gîte en échange des quatre heures de testament vidéo qu’Alex a jadis laissé chez lui.

Une histoire qui fourmille de détails crus et de situations aussi noires qu’un trente-trois tours, Virginie Despentes ne mettant pas de gants blancs pour décrire les turpitudes de son époque.

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