Le Journal de Quebec

Une Saint-Valentin inattendue !

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«De moi... à moi! Joyeuse Saint-Valentin, Romancière angoissée!» Voilà ce que j’écris à l’intérieur de la jolie carte rouge, que je dépose sur la table.

C’était tout ce qui manquait à ma mise en scène. Ce soir, je célèbre la Fête des amoureux en solitaire. Et je me suis promis de le faire avec un grand sourire et sans pleurnicha­ge.

Pour me faire plaisir, j’ai prévu la totale. Tout d’abord, le souper gargantues­que avec les trois fondues. Au fromage en entrée, chinoise en plat principal et au chocolat pour dessert. Miam! Je vais même déboucher un vin d’exception pour l’occasion.

Enfin, j’ignore si c’est un vrai grand cru, mais c’est ainsi qu’un ami Facebook a qualifié la bouteille que j’ai achetée. Et puisque ça ajoute au glamour de ma soirée, j’ai décidé de le croire.

Ensuite, mon film d’amour préféré. J’hésite entre Love Actually et The Notebook. Peut-être que ce sera les deux? Et je terminerai les célébratio­ns bien emmitouflé­e dans mon pyjama à pattes, à rigoler en lisant le dernier roman de Collègue Chick. Trop hilarante son histoire qui se déroule dans le Sud.

La soirée sera parfaite. Je ne penserai pas une seconde à Collègue Sanguinole­nt qui invite sa blonde au resto pendant que ses parents gardent Bébé Sanguinole­nt. Je ne me morfondrai pas pendant des heures à attendre qu’il m’envoie un texto. Non. Interdicti­on complète de consulter mon cellulaire.

Pas question non plus de tomber dans le pathos. Pas de scène à la Bridget Jones qui s’époumone sur All by Myself. Juste du plaisir en tête-à-tête avec moi-même.

REPAS À LA CHANDELLE

J’entame donc mon repas à la chandelle, en savourant chaque bouchée de ma fondue au Comtomme. Un vrai délice! Puis, vient mon deuxième service: un beau plateau de viandes et de légumes, dont des poivrons découpés en forme de coeur...Je m’assume! Tout pour me faire penser que c’est la Saint-Valentin et que je suis totalement heureuse de la passer en solo.

Sauf que j’avoue que le temps à table est un peu long. Surtout avec la fondue. Et ce, même si j’utilise quatre fourchette­s.

Je risque un coup d’oeil du côté de mon cellulaire. Rien, le calme plat. Quelle déception! Je sens ma bonne volonté m’abandonner peu à peu et la tristesse me gagner. Ça m’apprendra à ne pas respecter les règles que j’avais établies!

Je décide de couper court à mon repas et je m’assois devant la télé. Là, au moins, mon esprit sera occupé et ne pourra pas vagabonder dans les zones défendues, soit celles qui mettent en scène mon amant.

Je finis la bouteille de rouge en regardant The Notebook et, ô miracle, je ne pleure pas comme une Madeleine! Trop fière de moi, je poursuis avec mon deuxième film, en savourant le chocolat que j’avais prévu pour le dessert, mais sans le faire fondre. Tannée des fondues!

Auparavant, je me mets totalement à mon aise, en enfilant mon vieux pyjama à pattes en peluche rouge. On est concept ou on ne l’est pas!

Le générique apparaît sur mon écran et je n’ai pas consulté mon téléphone une seule fois. Bon, d’accord, peut-être à deux ou trois reprises pendant les scènes plates, mais c’était uniquement pour savoir l’heure. Pas plus. Top championne!

SEVRAGE EN VUE

Est-ce que je serais en train de me sevrer de mon amant que je vois trop peu souvent? Hum… peut-être pas complèteme­nt, mais je suis sur la bonne voie.

C’est fini la dépendance affective! Ça ne sert à rien d’attendre un homme avec qui je n’ai aucun avenir. Désormais, je vais vivre ma vie comme s’il n’en faisait pas partie.

Et je vais chercher un vrai amoureux dès demain. Sans toutefois l’écarter complèteme­nt. Je me le garderai sous la main jusqu’à ce que je trouve le mec avec qui je l’oublierai. Voilà tout!

Soulagée d’avoir pris cette décision, je me mets au lit avec le roman le plus drôle de l’année. Soudaineme­nt, on sonne à la porte. Qui peut bien venir me déranger à pareille heure? J’ouvre et Collègue Sanguinole­nt se tient devant moi. Ohhh… une visite surprise! J’adore!

«J’ai quitté ma femme», m’annonce-t-il tout de go.

Abasourdie, je mets quelques instants à assimiler l’informatio­n. Je ne peux pas croire que je n’aurai plus à le partager, que je le verrai quand je le souhaite, que je l’aurai pour moi toute seule. Mon coeur déborde de bonheur et je lui saute au cou en criant de joie.

«Chutttttt!», dit-il en me montrant le siège pour enfant à ses pieds et Bébé Sanguinole­nt qui dort à poings fermés. QUOI? J’hérite d’un garçon par le fait même? Question que je pose immédiatem­ent à mon nouveau conjoint. «Oui, une semaine sur deux.» Songeuse, je les laisse entrer dans mon appartemen­t et dans ma vie… qui vient de prendre une tournure plutôt inattendue. Moi, stepmom? Faut croire que oui…

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Rendez-vous lasemaine prochaine !
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