Le Journal de Quebec

Un missile russe difficile à vaincre

Laurent Dubreuil se méfie de Pavel Kulizhniko­v, son principal rival

- Alain Bergeron ABergeronJ­DQ

HEERENVEEN | Le Russe Pavel Kulizhniko­v n’a pas qu’un nom difficile à prononcer. Laurent Dubreuil et toute la concurrenc­e qu’il écrase cherchent encore à le cerner.

On attend de ce colosse de seulement 20 ans qu’il exerce son règne sur l’épreuve spectacula­ire du 500m, aujourd’hui, aux Championna­ts du monde de patinage de vitesse à Heerenveen. Il a sifflé sept victoires en neuf départs cette saison en Coupe du monde. Les deux seules qu’il a échappées furent celle qui lançait la saison au Japon, où il a terminé deuxième, puis celle à Berlin, où il a chuté.

«J’ai beau être plus proche que l’an passé pour espérer gagner une course, en même temps, c’est comme si j’étais encore plus loin depuis que ce gars-là est revenu. Je ne peux pas le battre. À moins qu’il tombe», concédait Dubreuil en toute modestie après son léger entraîneme­nt d’hier.

UN DOUTE PERSISTE

Au sens sportif, Kulizhniko­v se montre imprenable. Ailleurs, c’est autre chose.

Privé des Jeux olympiques dans son pays pour cause de dopage, l’athlète de Kolomna pique la curiosité pour avoir si habilement rebondi de sa suspension de deux ans. Il étend même sa domination dans l’autre épreuve de sprint qu’est le 1000m, là où il mène aussi le classement de la Coupe du monde, malgré qu’il a cédé par quatre centièmes de seconde le titre mondial d’hier à l’Américain Shani Davis.

Dubreuil mesure mieux que quiconque le niveau de révélation du tsar. Il y a trois ans, à Obihiro au Japon, le Québécois l’avait laissé en plan sur la troisième marche du podium lorsqu’il avait remporté le Championna­t mondial junior sur 500m. Kulizhniko­v lui avait donné la réplique en gagnant à l’épreuve de 1000 m, mais Dubreuil, quatrième à cette course, allait plus tard recevoir par la poste la médaille de bronze après que le champion eut échoué à un test antidopage à ces mêmes mondiaux.

«Il a gagné cette saison 10 courses en Coupe du monde (500 et 1000m), ce qui deviendra probableme­nt un record de tous les temps, et il revient d’une suspension pour dopage. Personne n’a le droit de porter des accusation­s, mais il est légitime d’avoir des doutes», émet Dubreuil avec prudence.

FERMÉ COMME UNE HUÎTRE

L’équipe de la Russie nourrit le mystère. Ni Kulizhniko­v ni ses entraîneur­s ne s’adressent aux médias. Nos demandes d’entrevue cette semaine sont restées vaines. On dit le jeune homme fermé comme une huître. Difficile à approcher, il maîtrise deux mots d’anglais: «No English».

«Il n’a pas l’air d’un mauvais gars, le perçoit Dubreuil. Quand il ne gagne pas une course au 1000m, il s’empresse d’aller serrer la main au gagnant. On peut en avoir contre le système qui prévaut en Russie, mais je ne pense pas qu’on peut en avoir contre la personne.»

Qui sera le plus heureux en tendant la main à l’autre aujourd’hui?

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Privé des Jeux olympiques dans son pays pour cause de dopage, Pavel Kulizhniko­v pique la curiosité pour avoir si habilement rebondi de sa suspension de deux ans.
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