Le Journal de Quebec

La frontière

- lise ravary lise.ravary@quebecorme­dia.com

La réglementa­tion sur la citoyennet­é est clarissime: «Tous les candidats qui portent un vêtement couvrant leur visage sont tenus de l’enlever au moment de la prestation du serment. [...] Un candidat qui ne retire pas son voile ne deviendra pas citoyen canadien ce jour-là.»

La Cour fédérale a statué que cette directive violait le droit à la liberté religieuse de Zunera Ishaq, une citoyenne pakistanai­se arrivée au Canada en 2008 qui porte le niqab, ce voile qui ne laisse voir que les yeux, depuis l’âge de 15 ans. Elle refusait de l’enlever pour son assermenta­tion en tant que citoyenne canadienne.

Hélas, en droit, le juge a raison. La réglementa­tion qui interdit de prêter serment à visage couvert stipule aussi qu’il faut accorder «la plus grande liberté possible pour ce qui est de la profession de foi religieuse». À peine contradict­oire!

De son côté, le gouverneme­nt faisait valoir que la citoyennet­é est un privilège, et non un droit, en vain.

LE ROC EST D’ACCORD

Tous les grands médias du Canada anglais ont applaudi cette «sage» décision. «La loi canadienne protège les pratiques religieuse­s. Même le premier ministre ne peut changer cela», écrivait le Globe and Mail.

De passage au Québec, Stephen Harper a annoncé qu’il allait porter la cause en appel. Une fois n’est pas coutume, mais je me réjouis de la décision du premier ministre, même si j’y détecte des intentions vaguement électorali­stes…

Cela va sans doute se terminer devant la Cour suprême du Canada. La Charte, qui a toute la souplesse d’un 2 X 4, donnera raison à madame Ishaq. Le gouverneme­nt va perdre. Mais ce n’est pas normal et les Canadiens le savent.

Lorsque Pierre Eliot Trudeau a rédigé la Charte des droits et libertés, il ne pouvait savoir qu’elle serait un jour utilisée par des intégriste­s religieux militants pour faire avancer une pensée liberticid­e. Il n’y avait pas de niqab, ou de charia dans le décor quand il a tracé la frontière entre l’acceptable et l’inacceptab­le.

DES LIMITES À LA CHARTE

Mais tout n’est pas perdu: en 2011, la Cour suprême de la ColombieBr­itannique a confirmé la constituti­onnalité des lois canadienne­s contre la polygamie. Pourtant, le requérant, Winston Blackmore, un mormon fondamenta­liste qui a marié 24 femmes entre 1990 et 2014, a invoqué la Charte, mais le juge a reconnu que défendre les femmes et les enfants importait plus que de protéger la liberté religieuse des polygames.

Il est donc possible de limiter les droits quand les circonstan­ces l’exigent. Il s’agit de s’ouvrir les yeux. L’islam politique est en marche partout, plus effrayant que les loups solitaires ou l’État islamique.

Zunera Ishaq a des liens avec l’Islamic Circle of North America, associé aux Frères musulmans. Justement, le gouverneme­nt britanniqu­e va bientôt déposer un rapport dévastateu­r sur les Frères musulmans, maîtres infiltrate­urs, mais considérés ici comme bénins.

Partout en Occident, des Zunera Ishaq exigent des droits aux antipodes des valeurs des sociétés qui les ont accueillis. Pourquoi vivre ici alors? Pour établir une tête de pont?

La question se pose.

il est donc possible de limiter les droits quand les circonstan­ces l’exigent. il s’agit de s’ouvrir les yeux

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