Plutôt mourir que d’aller à l’école
Un jeune garçon de Pohénégamook, victime d’intimidation, préfère mourir plutôt que de retourner à l’école
POHÉNÉGAMOOK | Victime d’intimidation à l’école, un jeune garçon de 12 ans de Pohénégamook dit maintenant préférer mourir plutôt que de retourner à l’école.
Âgé de 12 ans, Félix est intimidé à l’école depuis la maternelle. Le jeune garçon a récemment confié à sa mère qu’il était prêt à «éclater». «Quand ton fils te parle de la mort sérieusement, ça te scie en deux » , lance sa mère, Cindy Morin, à bout de solutions. Félix représente un cas d’intimidation peu conventionnel. « Je suis consciente que mon enfant n’est pas un ange.»
Le jeune homme est atteint d’un trouble de déficit d’attention avec un trouble d’opposition et provocation. «Mais est-ce une excuse pour laisser tout cela arriver? Il n’y a pas une journée qui passe sans qu’il se fasse traiter de noms ou qu’il y ait des altercations physiques.»
DIFFICILE DE DÉNONCER
Le jeune garçon de 6e année est suivi par toute une brochette d’intervenants: CLSC, pédopsychiatres, même la DPJ est dans le dossier en raison de comportements violents. En contact constant avec la direction, Cindy Morin a tout tenté pour trouver des solutions.
En 4e année, Félix a connu sa plus belle année scolaire grâce à un professeur masculin. «Mais aujourd’hui, il ne fait plus confiance à personne. Souvent, les adultes disent que c’est lui le problème. Qu’est-ce qui arrive? Il ne veut plus dénoncer.»
Malgré un changement d’école en 3e année, entre deux villages à proximité, le problème perdure. «C’est une petite région. De l’intimidation, il y en a partout, j’en suis consciente. Mais ici, c’est petit, tout le monde se connaît. Cette semaine, Félix m’a dit: à Pohénégamook, tout le monde m’haït.»
La semaine dernière, un échange de coups de poing a eu lieu à l’école et la Sûreté du Québec en a été saisie. «Il m’a raconté qu’il avait reçu un coup au front et ça lui a fait tellement mal, qu’il a répliqué. Il a été expulsé. Je lui ai dit de ne pas répondre par la violence, que ce n’était pas la solution», raconte Cindy Morin.
«Là, il était à bout. Quand il a commencé à parler de la mort, toute l’équipe qui le suit est intervenue. Il va mieux, mais ça ébranle.»
À LA MAISON
Pour laisser la poussière retomber, la maman de Félix a décidé de le garder à la maison. «J’ai demandé à l’école de me préparer ses livres, je suis passée, j’ai ramassé tout ça et bye, je suis partie. Il n’y a pas eu d’autres échanges.»
À la direction de la Commission scolaire du Fleuve et des Lacs, on s’en remet aux obligations légales des écoles en ce qui concerne l’intimidation, qui est tolérance zéro. «On ne peut entrer dans les détails confidentiels d’un cas particulier. Quant aux récents événements, c’est entre les mains des policiers», affirme le directeur Bernard D’Amours.
DÉMÉNAGER
Cindy Morin craint que le pire reste à venir, le secondaire. «Je vais lui faire refaire sa sixième année pour qu’il soit plus fort. Je songe aussi à déménager, pour lui.»
Elle souhaite, par la diffusion de l’histoire de son fils, que plusieurs ouvrent les yeux. «Il faut des actions tangibles et ne pas se cacher la tête dans le sable. Mon fils n’est pas parfait, mais c’est un enfant. Il n’est sûrement pas le seul dans cette situation plus particulière. Il faut que ça cesse.»