Imaginez un unilingue francophone aux Affaires étrangères !
Stephen Harper a nommé Rob Nicholson ministre des Affaires étrangères, un unilingue anglophone. Imaginez un seul instant que le premier ministre ait nommé un unilingue francophone à ce poste!
Tous les médias anglophones du Canada auraient déclenché une campagne pour faire infirmer la décision. Les «Canadians» protesteraient à travers tout le Canada, affirmant qu’ils ne peuvent être représentés à l’international par une personne incapable de s’exprimer dans leur langue.
Ils auraient raison, comme les Québécois et les Franco-Canadiens ont aussi raison de dénoncer cette décision. Avouons toutefois que les Québécois et les Franco-Canadiens sont moins prompts à protester devant les injustices dont ils sont victimes. L’actuel gouvernement du Québec a d’ailleurs réagi avec tiédeur à cette nomination. Il faut croire que la mentalité du «né pour un petit pain» n’est
pas encore complètement disparue.
STEPHEN HARPER AVAIT LE CHOIX
Il est difficile de comprendre la décision du premier ministre canadien, car il aurait pu nommer quelqu’un d’autre à cet important poste.
Jason Kenney et Chris Alexander sont deux parlementaires qui ont une expérience ministérielle. Chris Alexander, de plus, est un ancien diplomate. Et les deux sont bilingues!
Stephen Harper a pourtant préféré nommer un unilingue anglophone qui tout au long de sa carrière a fait preuve d’intransigeance et d’arrogance, tout en cultivant le mépris pour ses adversaires. En somme, Nicholson possède des traits de caractère qui sont loin d’être des qualités pour assumer ses nouvelles fonctions.
NICHOLSON PARLERA EN NOTRE NOM AU SEIN DE LA FRANCOPHONIE !
Peut-on penser un seul instant que Rob Nicholson parlera en notre nom au sein de la francophonie? Que c’est lui qui défendra la clause de l’exception culturelle dans le cadre des négociations de libre-échange avec de nombreux pays? Il pourrait peut-être demander à John Kerry, qui s’exprime dans un excellent français, de parler en son nom!
Nicholson sera bien mal placé pour expliquer à ses homologues et aux diplomates étrangers que le Canada est un pays qui a deux langues officielles, mais, à bien y penser, il constitue peutêtre la preuve vivante que les deux langues officielles du Canada sont l’anglais et la traduction simultanée!
LA DOCTRINE GÉRIN-LAJOIE
Il importe plus que jamais que le gouvernement québécois revendique que le Québec soit présent à l’international dans les domaines qui relèvent de ses champs de compétence.
Cette idée, rappelons-le, fut mise de l’avant par le ministre libéral Paul Gérin-Lajoie. Jean Charest, alors qu’il était premier ministre, avait bien exprimé cette doctrine en disant que «lorsque l’on est maître chez nous, on est maître partout».
L’actuel gouvernement du Québec devrait démontrer qu’il accorde autant d’importance à jouer un rôle à l’international que ses prédécesseurs l’ont démontré, qu’ils aient été fédéralistes ou souverainistes.
LES PROCHAINES ÉLECTIONS
Il sera intéressant d’entendre ce qu’auront à dire les différents partis lors des prochaines élections fédérales, car, plus que jamais, les questions internationales prennent de l’importance, que ce soit au niveau économique, culturel ou de la sécurité.
Il faudra voir si leurs discours seront les mêmes dans le reste du Canada qu’au Québec.