Balises réclamées pour la manipulation artificielle du climat
SAN JOSE (États-Unis) | (AFP) Des scientifiques et des juristes américains réunis en congrès à San Jose (Californie) ont demandé avec force, samedi, la mise en place d’une solide gouvernance mondiale qui encadrerait les techniques de manipulation artificielle du climat pour lutter contre le réchauffement de la planète.
«Il n’y a aucune institution ou traité actuellement capable de réglementer efficacement ces technologies», a accusé Edward Parson, professeur de droit de l’environnement à l’Université de Californie, en évoquant la «géo-ingénierie».
science controversée
Cette science encore expérimentale, et controversée, propose des techniques pour modifier le climat par des interventions humaines: injecter des aérosols (particules de soufre) dans la stratosphère, par exemple, pour réduire le rayonnement solaire.
«Si un pays décidait de se lancer dans une expérience risquée de géo-ingénierie, rien ne pourrait l’en empêcher», a dénoncé M. Parson lors d’une présentation à la conférence annuelle de l’Association américaine pour l’avancement de la science (AAAS), réunie la fin de semaine dernière.
«Avant d’envisager de développer et d’utiliser ces technologies, il faut avoir une institution internationale qui a l’autorité et les capacités de prendre des décisions», a ajouté le juriste.
La «géo-ingénierie», qui fait l’objet de nombreux débats, a déjà été évoquée la semaine dernière dans deux rapports d’un comité d’experts sollicité par l’Académie américaine des sciences. Ce comité recommande de commencer sans attendre les recherches, tout en refusant toute expérience qui présenterait «des risques considérables».
Pas une solution de rechange
Pour les scientifiques, ces technologies ne peuvent pas se substituer à une forte réduction des émissions des gaz à effet de serre provenant des activités humaines.
La présidente de ce comité de 16 experts, Marcia McNutt, rédactrice en chef de la revue Science et ancienne directrice de l’Institut américain de géophysique, a indiqué samedi à San Jose que «le mécanisme de gouvernance devrait être ouvert et transparent, et impliquer la société civile».