Ne touche pas à ma ville
Richard Lehoux A encore en travers de la gorge la proposition du président du Conseil du patronat du Québec de ne plus soutenir les municipalités dévitalisées. «Juste À penser À une telle idée, ÇA n’A Aucun sens», s’indigne le président de la fédération québécoise des municipalités (FQM).
L’élu, maire de la petite municipalité de Saint-Elzéar en Beauce depuis 1998 et préfet de la MRC de la Nouvelle-Beauce depuis 2000, hausse encore le ton et ne manque pas de mots pour dénoncer cette vision «méprisante» du développement économique du Québec.
«C’est une vraie aberration. Il faut vraiment ne pas connaître la réalité des régions pour émettre ce genre de commentaire. Les ressources naturelles, c’est pas au centre des villes qu’elles sont exploitées», poursuit-il. Le politicien sait comment les régions peuvent être créatrices pour assurer leur développement . Producteur
agri- cole depuis quatre générations, il a reçu en 2000 la reconnaissance fort convoitée d’Éleveur de race, décernée par l’Association Holstein du Canada, pour souligner son travail de pionnier en vente de génétique animale sur les marchés internationaux, qui a commencé en 1980.
Sa MRC est la seconde en importance en termes d’activités agricoles au Québec, avec des revenus de près de 2 milliards $ par an. C’est le berceau de la production et de la transformation porcine, du poulet à griller et d’oeufs du Québec, accueillant des usines d’Olymel, du Groupe Agri-Marché et les Aliments Brochu, sans parler de PME manufacturières qui font de l’exportation.
LES IMPACTS DES COMPRESSIONS
Habile, il ne dira pas que les décisions du gouvernement Couillard et de son ministre des Affaires municipales, Pierre Moreau, de sabrer 40 millions $ dans le développement des Centres locaux de développement et 27 millions $ dans le développement régional sont aussi une aberration, voire un regard hautain de gens de la ville sur le milieu rural.
«C’est correct de réfléchir. Mais c’est pas juste une question de structures. L’impact est vécu au niveau des PME. Et les PME, c’est en région que ça se passe. On n’a pas senti cette préoccupation», a insisté Richard Lehoux.
Le maire de Saint-Elzéar a rappelé que les CLD ont accompagné des dizaines de jeunes entreprises qui avaient besoin d’un second souffle, après 7 à 8 années d’existence, pour prendre de l’expansion.