Les ministres libéraux muselés
Philippe Couillard oblige son équipe à obtenir les « lignes du jour » avant de s’adresser aux journalistes
Le «gouvernement le plus transparent que les Québécois auront eu» vient d’interdire à ses ministres de parler aux médias sans avoir obtenu les «lignes du jour».
Dans un effort sans précédent pour museler ses ouailles, le premier ministre a annoncé hier cette «nouvelle procédure.»
Avant de s’adresser à la presse parlementaire, ces derniers devront avoir obtenu les «lignes du jour», approuvées par le bureau de Philippe Couillard. Les ministres ont d’ailleurs tous refusé de parler aux journalistes, hier, à leur arrivée à l’Assemblée nationale.
Les dernières semaines ont été difficiles pour certains ministres libéraux. La déclaration d’Yves Bolduc sur les fouilles à nu « très respectueuses » a fait le tour du monde. Katleen Weil a dû reculer après avoir affirmé qu’elle travaillerait avec un intégriste dans son bureau.
JOURNALISTES « SUSCEPTIBLES »
Philippe Couillard, qui a défendu ce matin cette nouvelle procédure, soutient qu’elle n’a rien à voir avec ces déclarations malheureuses. «Il n’y a aucun lien sinon le fait qu’on veut que le message gouvernemental soit informé sur les faits», a-t-il lancé aux journalistes.
M. Couillard a assuré que la presse parlementaire va continuer à «avoir accès aux ministres» après le caucus. Face à cette grogne, il rétorque que les journalistes se plaignent pour rien. «Je vous trouve un peu susceptibles ce matin. Il n’y a jamais eu un premier ministre aussi ouvert que moi», a-t-il affirmé.
UN ACCROC « DANGEREUX »
Critiqué par l’opposition, qui dénonce cette «harperisation», en référence à l’opacité du gouvernement Harper, Philippe Couillard se fait aussi attaquer par la Fédération professionnelle des journalistes du Québec.
Le premier ministre doit reculer sur cette mesure « dangereuse » , estime la FPJQ. «Oui c’est dangereux pour le droit du public à l’information, parce que ça va venir restreindre, obstruer cette ligne de communication que l’on doit avoir avec les élus», affirme sa présidente Lise Millette.
«Les élus sont redevables, ils doivent répondre aux questions des journalistes. Et lorsqu’on les empêche de s’adresser librement à la presse, on a un problème si on se dit une société ouverte et démocratique», a ajouté Mme Millette.
«Mon intention est de donner aux
Québécois et aux Québécoises le
gouvernement le plus transparent
qu’ils auront eu au Québec.» — Philippe Couillard, le 8 avril 2014,
au lendemain des élections