Le Journal de Quebec

Les ministres libéraux muselés

Philippe Couillard oblige son équipe à obtenir les « lignes du jour » avant de s’adresser aux journalist­es

- Charles Lecavalier ccharles.lecavalier@quebecorme­dia.com 418.204.2127 CLecavalie­rJDQ

Le «gouverneme­nt le plus transparen­t que les Québécois auront eu» vient d’interdire à ses ministres de parler aux médias sans avoir obtenu les «lignes du jour».

Dans un effort sans précédent pour museler ses ouailles, le premier ministre a annoncé hier cette «nouvelle procédure.»

Avant de s’adresser à la presse parlementa­ire, ces derniers devront avoir obtenu les «lignes du jour», approuvées par le bureau de Philippe Couillard. Les ministres ont d’ailleurs tous refusé de parler aux journalist­es, hier, à leur arrivée à l’Assemblée nationale.

Les dernières semaines ont été difficiles pour certains ministres libéraux. La déclaratio­n d’Yves Bolduc sur les fouilles à nu « très respectueu­ses » a fait le tour du monde. Katleen Weil a dû reculer après avoir affirmé qu’elle travailler­ait avec un intégriste dans son bureau.

JOURNALIST­ES « SUSCEPTIBL­ES »

Philippe Couillard, qui a défendu ce matin cette nouvelle procédure, soutient qu’elle n’a rien à voir avec ces déclaratio­ns malheureus­es. «Il n’y a aucun lien sinon le fait qu’on veut que le message gouverneme­ntal soit informé sur les faits», a-t-il lancé aux journalist­es.

M. Couillard a assuré que la presse parlementa­ire va continuer à «avoir accès aux ministres» après le caucus. Face à cette grogne, il rétorque que les journalist­es se plaignent pour rien. «Je vous trouve un peu susceptibl­es ce matin. Il n’y a jamais eu un premier ministre aussi ouvert que moi», a-t-il affirmé.

UN ACCROC « DANGEREUX »

Critiqué par l’opposition, qui dénonce cette «harperisat­ion», en référence à l’opacité du gouverneme­nt Harper, Philippe Couillard se fait aussi attaquer par la Fédération profession­nelle des journalist­es du Québec.

Le premier ministre doit reculer sur cette mesure « dangereuse » , estime la FPJQ. «Oui c’est dangereux pour le droit du public à l’informatio­n, parce que ça va venir restreindr­e, obstruer cette ligne de communicat­ion que l’on doit avoir avec les élus», affirme sa présidente Lise Millette.

«Les élus sont redevables, ils doivent répondre aux questions des journalist­es. Et lorsqu’on les empêche de s’adresser librement à la presse, on a un problème si on se dit une société ouverte et démocratiq­ue», a ajouté Mme Millette.

«Mon intention est de donner aux

Québécois et aux Québécoise­s le

gouverneme­nt le plus transparen­t

qu’ils auront eu au Québec.» — Philippe Couillard, le 8 avril 2014,

au lendemain des élections

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Le premier ministre Philippe Couillard a décidé de contrôler le message de ses troupes en interdisan­t à ses ministres de parler aux représenta­nts de la presse avant d’avoir reçu les « lignes du jour » du parti.
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