Myrlande Pierre
Sociologue, chercheuse associée au Centre de recherche en immigration, ethnicité et citoyenneté (UQAM)
Ce qu’il faut savoir des programmes d’accès à l’égalité en emploi.
Un des principes directeurs des programmes d’accès à l’égalité et d’équité en matière d’emploi s’appuie sur la notion d’égalité des chances.
Le but visé est de rendre le personnel des organismes publics plus représentatif d’une main-d’oeuvre diversifiée en favorisant une représentation plus équitable de groupes pouvant être confrontés à des situations de discrimination directe ou indirecte en emploi, tels les minorités ethnoculturelles, les minorités racisées/visibles, les Autochtones, etc. On emploiera la notion de discrimination systémique pour qualifier les inégalités de traitement à l’étape de l’embauche ou de la promotion dans les milieux de travail.
D’ailleurs, la revue des écrits sur le sujet a mis en évidence les différents obstacles structurels/systémiques à l’oeuvre dans le domaine de l’emploi.
C’est en réponse à ces obstacles historiques et actuels que les programmes fondés sur l’égalité des chances ont vu le jour et sont implantés dans les institutions publiques et parapubliques. La démarche préconisée par le Service de police de Montréal (SPVM) est tout à fait en concordance avec les principes desdits programmes. Les organisations peuvent mettre en oeuvre des mesures de redressement «fondées sur le mérite» pour apporter des correctifs nécessaires lorsqu’elles constatent que le déficit de représentation de la diversité peine à se corriger dans ses effectifs. C’est la démarche préconisée par le SPVM.
Or, l’auteur de l’article auquel je réponds crie au «racisme inversé» envers «les membres de la majorité». De quel racisme s’agit-il? C’est la démonstration d’une incompréhension flagrante des principes fondamentaux des PAE/PÉE. C’est également mettre en lumière le rationnel simpliste et les raccourcis intellectuels qu’utilisent les opposants et les tenants de la pensée «néoconservatrice» relativement à ces programmes.
Ce qui devrait nous interpeller socialement dans ce contexte, c’est l’articulation de la reproduction des discriminations, des inégalités et des résistances qui compromettent l’atteinte de l’égalité des chances.
«En d’autres termes, l’objectif est de mettre en place des politiques et des pratiques adéquates pour éliminer les obstacles à l’équité afin d’assurer une représentation équitable des “groupes désignés” dans les effectifs».
Dans cette optique, le SPVM se comporte comme une organisation responsable en agissant de manière proactive pour parvenir à une meilleure représentativité de la population montréalaise dans ses effectifs.