Le fleuron québécois en eaux troubles
SNC-Lavalin cherchait hier à savoir si elle pouvait toujours soumissionner
L’annonce du dépôt d’accusations de corruption et de fraude par la Gendarmerie royale du Canada (GRC) contre SNC-Lavalin a eu l’effet d’une douche froide sur les quelque 5000 employés de l’entreprise à Montréal.
Selon nos sources, le dépôt des accusations a créé un véritable branle-bas de combat dans les bureaux québécois de SNC afin de vérifier si elle pourra toujours soumissionner pour des contrats dans certains marchés.
La poursuite déposée hier par la Gendarmerie royale du Canada (GRC) pour corruption et fraude contre SNCLavalin risque d’affecter des emplois au Québec et ailleurs et de nuire aux mauvaises personnes, soutiennent la direction de SNC et la Fédération des chambres de commerce du Québec (FCCQ).
«Il est important de souligner que les entreprises oeuvrant dans d’autres juridictions, comme les États-Unis et le Royaume- Uni, bénéficient d’une approche différente qui a fait ses preuves pour régler des situations semblables tout en permettant d’équilibrer, dans l’intérêt public, l’imputabilité des entreprises et le souci d’en préserver, notamment, les emplois et les retombées économiques», a réagi la direction de SNC.
L’Américain Robert Card – qui est arrivé à la barre du navire en 2012 – avait d’ailleurs récemment exposé ses inquiétudes dans une entrevue accordée au
Globe and Mail, allant même jusqu’à parler de démantèlement ou de vente si des accusations criminelles étaient déposées contre l’entreprise.
AUTORISATION DE L’AMF
L’Autorité des marchés financiers (AMF) a dit de son côté qu’elle n’avait pas l’intention de révoquer ou de réévaluer l’autorisation qu’elle a donnée à SNC de soumissionner sur des contrats publics l’an dernier.
«Les faits évoqués dans la poursuite étaient connus de l’AMF au moment où on a donné l’autorisation, donc ces recours ne changent rien pour nous», a dit le porte- parole de l’AMF, Sylvain Théberge. L’action de SNC-Lavalin a chuté de 7 % hier en réaction à l’annonce du dépôt des poursuites.
Pour certains analystes, cela constitue une occasion d’achat. Benoit Poirier, de Valeurs mobilières Desjardins, a dit dans une note que l’impact financier de ces poursuites ne serait pas ressenti à court terme par l’entreprise.
FCCQ À LA DÉFENSE DE SNC
La Fédération des chambres de commerce du Québec (FCCQ) a émis un communiqué de presse en milieu de journée hier pour défendre le fleuron québécois.
«Bien que les gestes posés par le passé par certaines personnes appellent certainement à des poursuites en justice, elles ne doivent pas avoir pour effet de nuire aux activités de l’organisation dans son ensemble», a dit Françoise Bertrand, présidente-directrice générale de la FCCQ.