Postel remporte le Prix littéraire Québec-france
Un homme effacé a déjà été couronné de deux prix littéraires prestigieux
Parmi les trois romans finalistes du Prix littéraire Québec-france Marie-claire-blais 2015, celui d’alexandre Postel, Un homme effacé, a été récompensé hier. L’oeuvre, très remarquée en France, avait été couronnée de deux prix littéraires, dont le prix Goncourt du premier roman en 2013.
Alexandre Postel est doublement heureux puisque la remise de ce prix prestigieux lui permet de visiter le Québec pour la toute première fois.
«C’est un beau point final pour la promotion de ce livre parce qu’il est paru il y a deux ans maintenant. D’être lu et d’être désigné par 150 lecteurs – c’est le nombre de membres des différentes régionales de l’association qui participent au scrutin - c’est quelque chose de particulier. C’est dire que le livre a été lu, discuté, débattu, qu’on a échangé des fiches, des avis, des notes. C’est extrêmement agréable pour un auteur, qui plus e st , dans un aut r e pays » , a-t-il commenté, en entrevue.
«C’est extrêmement beau de savoir que de l’autre côté de l’atlantique, ce li- vre est discuté et pris au sérieux par les amateurs exigeants de la langue française et de la littérature.»
DESCENTE AUX ENFERS
L’écrivain, maintenant professeur de littérature française à Paris, a décrit avec une plume superbe la descente aux enfers d’un professeur de philosophie accusé à tort d’avoir téléchargé dans son ordinateur des images provenant d’un réseau pédophile. L’affaire fait beaucoup de bruit et tout un engrenage négatif se met en marche.
Son livre parle des dérives inquiétantes d’une société fascinée par le monde virtuel. «J’étais attiré par ces faits divers de toutes sortes – il y en a tout le temps – parce que ça m’apparaissait comme un crime nouveau. Les faits en eux-mêmes sont anciens mais le fait d’être inculpé, condamné pour des activités virtuelles, des choses qu’on fait sur internet – avec évidemment une réalité derrière - cette espèce de vie seconde dans laquelle on a un sentiment d’impunité et de liberté totale, ça m’apparaissait comme un crime du 21e siècle. C’est quelque chose qui est propre à notre monde. Ça me semblait intéressant de l’approfondir dans un livre.»
Son personnage, Damien North, a été construit par rapport à l’accusation qu’il subit.
«Il présente tous les indices d’une possible culpabilité : il vit seul, il est un peu introverti. C’était intéressant de construire un personnage qui ne sait pas répondre à l’accusation. Ça rendait la situation plus violente, et donc plus romanesque. Au-delà du fait divers qui peut inspirer le livre, l’accusation est là pour s’entrechoquer avec un personnage. C’est de cette rencontre entre une situation et un caractère que peut naître l’alchimie romanesque.»
«C’est un beau point final pour la promotion de ce livre» – Alexandre Postel