Le Journal de Quebec

Les nouveaux curés

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J’ai enseigné pendant 34 ans, tant au cégep qu’à l’université. Je dois confesser aujourd’hui une profonde tristesse à revoir, comme en 2012 et son printemps misérable, ces étudiants masqués bloquer des entrées de maisons d’enseigneme­nt, vandaliser le bien public, intimider d’autres étudiants, contrecarr­er par la violence le travail des journalist­es et mettre à mal l’état de droit et la liberté de presse. Leur fanatisme risque encore une fois, au nom même du combat contre l’austérité, de fragiliser davantage les finances publiques.

Au nom de l’humanisme et de la modernité, le Québec aurait repoussé l’emprise de l’église sur les institutio­ns et mis fin à la grande noirceur. Vraiment? J’ai plutôt l’impression que notre société n’est pas encore sortie du cléricalis­me, et que nous assistons à une autre métamorpho­se du dogmatisme et de son intoléranc­e sectaire. La faucille a remplacé la croix et les manifestat­ions-procession­s de bannières rouges ne visent plus le salut des âmes, mais le triomphe du Grand Soir (le vicaire GND ne scandait-il pas, de concert avec les brigades khadirienn­es: «Ce soir on sort pour la victoire.»

N’oublions pas l’étymologie du terme fanatisme, de fanum, temple. À écouter les ritournell­es obsessionn­elles du discours des cardinaux de L’UQAM et des leaders, pardon, des porteurs de la Bonne Parole de L’ASSÉ, on ne peut que tendre la troisième oreille du psychanaly­ste. La voix de la raison est faible, écrivait Freud, mais elle finit par se faire entendre. Sinon, la violence légitime de l’état de droit devra s’exercer en endiguant le zèle extrême de ce nouveau fanatisme du «Tenir tête» à tout prix.

Romain Gagné

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