« C’était dur la politique »
Guy Chevrette, qui en veut toujours à l’entourage de Bernard Landry, lance sa biographie intitulée Dans l’enceinte du pouvoir
Dans sa biographie, l’exministre péquiste Guy Chevrette règle ses comptes avec Bernard Landry et son entourage. Dans l’enceinte du pouvoir raconte les cinq derniers jours de sa carrière politique. «Les plus dures de ma vie», confie M. Chevrette. Rétrogradé aux Affaires autochtones, le ministre des Transports, indigné, claque la porte. Dans une entrevue avec le Bureau parlementaire, M. Chevrette admet qu’il en veut toujours à l’entourage de Bernard Landry. Éprouvez-vous du ressentiment à l’égard de Bernard Landry pour ce que vous considériez comme une trahison?
Pas du tout. J’en veux encore à sa garde rapprochée par contre. C’était des jeunes qui souhaitaient contrôler le pouvoir. Bernard a toujours été entouré de gens qui lui disaient ce qu’il désirait entendre au lieu de le conseiller politiquement et de faire des analyses profondes avant de prendre des décisions. Son choix de me tasser a été guidé par son entourage.
Avez-vous eu des contacts avec lui par la suite?
Bien sûr. Trois semaines après ma démission, il souhaitait me voir devenir le nouveau DG du Parti québécois. J’ai décliné parce que je trouvais qu’il était trop tôt. Mais six mois plus tard, Bernard m’a donné un mandat de représentant spécial dans le dossier de l’entente avec les Innus. On s’est reparlé à l’occasion, mais c’est sûr qu’on n’est pas des amis intimes.
Pourquoi vous attardez-vous autant à ces cinq derniers jours?
Mon objectif était de démontrer comment c’était dur la politique, comment c’est ingrat. J’avais besoin de l’écrire. En novembre 2001, Bernard Landry était venu dans ma circonscription pour faire un discours dithyrambique. Il a dit que pour faire un manuel du parfait député, il faudrait prendre Guy Chevrette en exemple. J’étais loin de m’attendre que deux mois après, il se débarrasserait de moi. Mais paradoxalement à tout ça, c’est emballant la politique. C’est stimulant.
Que retenez-vous de votre carrière?
Je suis très fier d’avoir fait autoriser le virage à droite au feu rouge. Et je pense avoir bien réussi, avec la Régie de l’énergie, la création de la SÉPAQ, la création de la commission de la capitale nationale et la mise sur pied des plans de transports dans toutes les régions du Québec.
Vous avez récemment choisi d’appuyer le candidat Pierre Karl Péladeau?
Il en énerve du monde, c’est épouvantable! C’est la première fois que le PQ a un candidat qui est issu véritablement du monde économique. J’aimerais bien savoir, moi, ce qu’une certaine presse écrirait si M. Péladeau s’était présenté pour le PLQ ou pour la CAQ. On dirait: belle prise.
Vous ne craignez pas un contrôle accru du discours médiatique avec un chef de parti qui possède des journaux et une chaîne de télévision?
Ça peut se régler rapidement avec des lois, avec le travail du Commissaire à l’éthique et des règlements renforcés qui l’obligent à avoir un mandataire. On peut trouver une solution.
M. Péladeau a fait couler beaucoup d’encre en affirmant que le PQ perdait des votes chaque année avec l’immigration. Qu’en pensezvous?
Tout le monde sait que c’est vrai. Il n’y a pas de cachette. Mais ça montre tout le travail que le PQ doit faire pour cher- cher leur appui. J’étais avec des néo-québécois le soir du référendum lorsque M. Parizeau, qui était premier ministre, a fait sa fameuse déclaration. J’ai trouvé la soirée longue. Lorsqu’on veut être premier ministre, il faut créer des ponts et aller les convaincre.