Le Journal de Quebec

Le départ d’une future dynastie

La chronique de Michel Bergeron

- MICHEL BERGERON michel.bergeron@ quebecorme­dia.com

Même si je n’étais plus à la barre de l’équipe, la saison 1994-1995 des Nordiques de Québec éveille en moi toutes sortes de souvenirs, bons et mauvais.

Ma dernière saison en tant qu’entraîneur-chef de l’équipe remontait à la campagne 1989-1990. À cette époque, nous vivions une période difficile à Québec. Nous avions échangé Peter Stastny et Michel Goulet, et nous entrions dans une période de reconstruc­tion qui ne s’annonçait pas de tout repos.

Cette saison-là, nous savions que nous ne ferions pas les séries et notre seul objectif était de permettre au jeune Joe Sakic d’atteindre le plateau des 100 points, ce qu’il a réussi.

Plongés dans le présent, il était difficile pour nous d’entrevoir la lumière au bout du tunnel. Certes, nous comptions sur Joe Sakic, mais l’avenir ne semblait pas très rose.

Je ne suis pas revenu derrière le banc la saison suivante, mais j’ai tout de même continué d’avoir un oeil sur cette équipe qui avait été ma vie pendant huit ans.

DYNASTIE EN DEVENIR

Au fil des années suivantes, les déboires des Nordiques n’ont pas eu que du négatif. Profitant de bons choix au repêchage, le Fleurdelis­é avait réussi à mettre la main surd’ excellents jeunes joueurs, comme Mats Sundin, Owen Nolan, Peter Forsberg ou Mike Ricci et comptait toujours sur Joe Sakic, qui était devenu une vedette dans la LNH.

Lorsque les activités de la LNH ont repris en 1994-1995, après un lock-out qui avait paralysé les activités de la LNH pendant un e demi -saison, jem’attendais à ce que nous assistions à la naissance de la prochaine dynastie.

Personne n’avait prévu qu’au terme de la campagne, on annoncerai­t le dé- ménagement de l’équipe à Denver, au Colorado.

UNE JOURNÉE TRISTE

La journée du 25 mai 1995 demeurera une journée triste à jamais. Je ne m’attendais pas à ça, et je pense que la majorité des gens avaient le même sentiment que moi.

La nouvelle avait eu l’effet d’une bombe. Ça signifiait la fin d’une époque à Québec, mais également la perte de plusieurs emplois pour des gens avec qui j’avais travaillé au fil de mes années chez les Nordiques.

Cette journée avait été un peu folle, en raison du nombre important de demandes d’entrevues que j’avais reçues pour commenter la nouvelle.

Et ma réponse était toujours la même: j’étais renversé.

Avec du recul, je pense que le fait que personne n’en ait entendu parler avant signifiait que les dirigeants des Nordiques et les acheteurs potentiels avaient fait leur travail. On a gardé le silence jusqu’à la toute fin, afin d’éviter que la machine à rumeurs ne s’emballe.

UNE PARTIE DE MA VIE

Le 25 mai 1995 a marqué la fin d’une époque pour moi. J’avais dirigé les Nordiques pendant huit saisons, dont sept consécutiv­es, et j’avais eu la chance de travailler avec des gens extraordin­aires.

Lors de ces sept campagnes de suite, nous n’avions jamais raté les séries et nous avions atteint les demi-finales à deux occasions. Je me souviendra­i toujours des buts décisifs de Dale Hunter en 1982 et de Peter Stastny en 1985 contre le Canadien de Montréal.

Ce fut toute une aventure.

— Propos recueillis

par Kevin Dubé

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