Le Journal de Quebec

Les syndicats et leur pétrole

- Hébert

À Québec, samedi, ils marchaient pour le climat en souriant aux caméras. Nos inévitable­s leaders syndicaux s’étaient rangés derrière des banderoles demandant un développem­ent durable et l’abandon du pétrole.

Ils s’étaient joints à des jeunes sincèremen­t convaincus alors qu’eux-mêmes ne pouvaient vraisembla­blement pas avoir bonne conscience. On peut se demander ce qu’ils faisaient là exactement.

Le plus inconforta­ble devait être Serge Cadieux, le big boss de la FTQ. Car il y a place au malaise quand on parade avec Équiterre et Greenpeace alors que le Fonds de solidarité brasse 200 millions d’investisse­ments dans le pétrole, le gaz de schiste, les pipelines et les sables bitumineux. De l’argent sonnant chez Enbridge, Transcanad­a Pipeline, Schulmberg­er, Canadian Oil Sands, sans parler de Cabot et de Concho qui ont transformé la Pennsylvan­ie en gruyère pour siphonner du gaz de schiste.

LA CSN AUSSI

La FTQ n’est pas la seule à jouer au théâtre du développem­ent durable. La CSN a aussi du pétrole sur les doigts. Les caisses de retraite des profs de L’UQÀM et de l’université de Montréal ont aussi du fric dans le pétrole. Alors quand vous reverrez les censeurs de L’ASSÉ assis avec eux pour plaider la fin des hydrocarbu­res, pensez à M. Pignon au dîner de cons.

Le réseau de l’université du Québec (et donc l’inénarrabl­e UQÀM) compte notamment sur Journey Energy de Calgary qui produit et vend des hydrocarbu­res tirés du fractionne­ment souterrain. Dans son dernier rapport annuel, on note que les pertes d’autres secteurs ont été partiellem­ent neutralisé­es par les gains dans le pétrole. Une telle candeur donne presque envie de marcher à gauche...

Appuyant leurs collègues de L’UQÀM dans la guéguerre contre le contrôle des dépenses, les profs (et les retraités) de l’université de Montréal profitent de leur côté de placements chez Suncor, Canadian Natural Ressources et — tiens donc! — chez Talisman, le plus important foreur qu’a connu le Québec…

Idem pour le Fondaction de la CSN qui, comme la FTQ, a du fric chez Inter Pipeline. L’entreprise de Calgary transporte la bagatelle de 1,2 million de barils d’hydrocarbu­res par jour sur des milliers de kilomètres. Pas moins de 35 % de sa production provient précisémen­t des sables bitumineux de l’ouest canadien… Le fonds de la CSN fait aussi confiance à Transcanad­a Pipeline, Enbridge, Canada Naturel Ressources, Alliance Pipeline, etc. Jacques Létourneau tenait tout de même la cadence avec les émules de Laure Waridel…

CHEZ LES PUISSANTS ROIS DU CAPITALISM­E MONDIAL

D’autres leaders syndicaux marchaient pour le climat. Louise Chabot (CSQ) et Lucie Martineau (SFPQ) ne peuvent pourtant pas ignorer où la Caisse de dépôt et placement du Québec fait fructifier les milliards destinés à la retraite des profs et des fonctionna­ires. Le butin bourgeonne notamment dans l’ouest canadien et chez les plus puissants rois du capitalism­e mondial: Royal Dutch Shell, Exxon Mobil, Gaz Prom, etc.

En regardant passer Steven Guilbault et l’armée du monde meilleur, je me suis demandé comment nos héros faisaient pour nous la jouer écolo. Pur opportunis­me, sans doute. L’austérité, l’environnem­ent, les négos… Peu importe l’endroit ou la cause, l’important, pour eux, est de se faire voir avec une foule. Ça ne change rien à leurs petits arrangemen­ts avec le capitalism­e pétrolier.

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Ils étaient près de 25 000, hier, dans les rues du Vieux-québec, à l’occasion de la Marche Action Climat.
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