Le Journal de Quebec

Régler la crise ou vouloir en tirer profit ?

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Les étudiants utilisent depuis plusieurs décennies la grève comme moyen de pression. C’est ainsi qu’en 1957, les étudiants de l’université de Montréal se sont mis en grève pour obtenir un meilleur financemen­t des université­s.

En 1959, des étudiants firent pression pendant trois mois afin que le premier ministre de l’époque, Maurice Duplessis, leur accorde une entrevue pour discuter du financemen­t des université­s et d’un meilleur accès aux études pour un plus grand nombre d’étudiants.

MAI 68

En 1968, les étudiants se mobilisère­nt à l’échelle de la planète afin de transforme­r les systèmes d’éducation en plus de mettre de l’avant plusieurs revendicat­ions à portée sociale. Ce fut Mai 68 en France et Berkeley aux États-unis. Les étudiants allemands se mobilisère­nt également tout comme ceux de la Tchécoslov­aquie qui jouèrent un rôle très important dans le Printemps de Prague.

Les étudiants québécois participèr­ent à ce mouvement mondial en déclenchan­t des grèves et en occupant les collèges et les université­s. La création de l’université du Québec était une revendicat­ion importante du mouvement étudiant québécois.

La contestati­on et les grèves ne sont donc pas chose nouvelle pour les associatio­ns étudiantes. Précisons cependant que les votes de grève en 1968 se déroulaien­t à scrutin secret, ce qui accorda beaucoup plus de crédibilit­é au mouvement étudiant.

Les jeunes ont certes commis des er- reurs en contestant l’ordre établi, comme ce fut le cas en 2012, mais il vaut mieux pour toute société que la jeunesse s’exprime et «brasse la cage» plutôt que de rester silencieus­e en se réfugiant dans l’individual­isme. Les jeunes commettron­t des erreurs, mais faut-il rappeler que les seuls qui n’en commettent pas sont ceux qui ne font rien. On doit apprendre de ses erreurs, les admettre, les corriger et s’impliquer dans la société en ayant acquis une plus grande expérience.

DROIT DE GRÈVE

Le gouverneme­nt, en particulie­r le ministre de l’éducation, François Blais, devrait comprendre cela et réfléchir en fonction de ce qui est bon pour la société plutôt que de n’agir qu’en fonction de ce qui est profitable pour le gouverneme­nt et le parti.

Le ministre peut bien décréter que le droit de grève ne peut exister pour les étudiants, mais cela n’empêchera jamais ceux-ci de déclencher des grèves. Le passé en témoigne éloquemmen­t.

Le ministre qui se dit solidaire des recteurs d’université­s et des directeurs de cégeps devrait accueillir leur demande d’encadrer le droit de grève. Ne penser qu’en termes de discipline et d’autorité ne réglera jamais les problèmes. En encadrant le droit de grève de façon claire, le ministre redonnerai­t le pouvoir aux étudiants et empêcherai­t la manipulati­on et la violence exercées par une minorité d’extrémiste­s.

Cela suppose de procéder par vote secret, étalé sur quelques jours afin que tous puissent voter et d’assurer le bon déroulemen­t du scrutin par la présence d’observateu­rs.

Le ministre doit comprendre qu’il vaut toujours mieux prendre la voie de la démocratie plutôt que d’imposer ses décisions à tout prix.

Il vaut mieux pour toute société que la jeunesse s’exprime et « brasse la cage » plutôt que de rester silencieus­e en se réfugiant dans l’individual­isme

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GILLES DUCEPPE

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