Le Journal de Quebec

Le Diamant, c’est du luxe

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Loin de moi l’idée de faire son procès. Robert Lepage est un homme humble, probableme­nt plus humble que ceux qui en font un Dieu.

L’investisse­ment gouverneme­ntal dans le projet du Diamant de Robert Lepage a confirmé hors de tout doute qu’il n’y a pas de véritable austérité au Québec. Investir plusieurs dizaines de millions de dollars dans un théâtre de 625 places, c’est clairement du luxe.

Un luxe qui ne servira qu’à une petite élite qui aime bien se coller à ce créateur.

Soyez honnête, avez-vous déjà assisté en personne à une pièce de Robert Lepage? La Trilogie des dragons? Les plaques tectonique­s? Moi non.

J’ai vu certains de ses films, comme Le Confession­nal tourné ici à Québec en 1995. Un bon film, pas un grand film, mais surtout pas un film «grand public».

Allez le voir sur internet, et essayez de m’expliquer la scène du poisson qui dé- gèle dans un évier...

Avez-vous aimé la dernière édition du Moulin à images? C’était l’année de trop. Trop flyé, incompréhe­nsible. Il s’agissait d’un hommage au cinéaste Norman Mclaren, un pur inconnu pour Monsieur tout le monde qui en a pourtant assumé la facture.

PUBLIC RESTREINT

Sa collaborat­ion avec le Cirque du Soleil et ses apparition­s dans la LNI, le film Ding et Dong et la série Les Invincible­s lui auront permis de se rapprocher un peu de la masse.

Loin de moi l’idée de faire son procès. Robert Lepage est un homme humble, probableme­nt plus humble que ceux qui en font un Dieu. Et bravo, il y a une partie de financemen­t privé dans son projet.

Mais Lepage crée des oeuvres théâ- trales pour un public restreint. L’écrasante majorité de ceux qui paieront la facture du Diamant n’y mettra jamais les pieds. Il est là le scandale dans cette dépense.

L’élite culturelle québécoise a réussi à convaincre les décideurs que les gouverneme­nts ne pouvaient pas se permettre de dire non à Robert Lepage. Et qui va payer? Encore le payeur de taxes. Celui qui doit payer toujours plus de taxes.

Le même contribuab­le qui doit encore digérer la facture du Centre Vidéotron.

Le nouvel amphithéât­re a coûté une beurrée aux Québécois. Mais au moins, il servira à toute la population de la ville de Québec et de l’est du Québec pendant des décennies. Hockey, spectacles, tout le monde ou presque ira un moment donné y faire son tour.

PAS UNE DÉPENSE

En entrevue à TVA, Philippe Couillard déclarait la semaine dernière que plu- sieurs villes veulent nous «enlever» Robert Lepage.

L’animateur Pierre Jobin venait de lui présenter les résultats d’un sondage maison: sur 2000 répondants, 91 % ont répondu ne pas souhaiter un tel investisse­ment public dans le Diamant.

Le maire Labeaume et le gouverneme­nt du Québec justifient la dépense en disant qu’il ne s’agit justement pas d’une dépense, mais plutôt d’un investisse­ment.

On peut se permettre d’avoir des doutes là-dessus.

Il ne faut pas oublier que l’état et la Ville ont déjà versé des sommes importante­s pour la Caserne de Robert Lepage, l’actuel lieu de création pour sa compagnie ex Machina.

Faudra que le Diamant en crée des emplois et de l’argent neuf pour rentabilis­er un investisse­ment public total avoisinant les 40 millions $.

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LANDRY
JÉRÔME LANDRY

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