Le franglais intrigue les Français
Le magazine Les Inrockuptibles s’est penché sur les chansons bilingues dans le hip hop québécois
Le rap bilingue de certains groupes québécois a des résonances jusqu’en France. «À Montréal, le franglais s’est imposé comme le langage d’une jeunesse immergée dans la culture américaine», écrit le magazine Les Inrockuptibles.
Depuis quelques années, un nouveau courant s’est imposé dans le hip-hop québécois: les chansons en franglais. Plusieurs se sontin surgés que des groupes comme Dead Obies, Loud Lary Ajust et Alaclair Ensemble utilisent des paroles bilingues dans leurs compositions.
Certains médias d’ici en ont fait grand état et voilà que le magazine français Les Inrockuptibles se penche lui aussi sur le phénomène. «Jusque-là cantonné aux blogues de hip-hop, le rap bilingue s’invite dans les médias de masse. Il relance ainsi un débat obsessionnel au Québec: l’anglicisation de la société et la survie du français», écrit le journaliste Mario Bompart.
Amorçant son article avec l’extrait de la chanson Montréal Sud, de Dead Obies, «un des groupes phares du rap franglais», le reporter explique que la langue officielle du Québec est le français, mais que sa capitale économique, Montréal, est bilingue. «Francophone à l’est, anglophone à l’ouest. Cette tension culturelle est un ferment créatif naturel à Montréal.»
POUR DES RAISONS ESTHÉTIQUES
Et pour les rappeurs québécois, l’utilisation du franglais dans leurs morceaux n’est que le reflet de la société ac- tuelle montréalaise. «Notre mode de consommation est américain, mentionne Maybe Watson, d ’ Alaclair Ensemble. La principale artère commerciale, la rue Sainte-catherine, est dominée par les shops anglophones. Montréal est une ville américaine parmitant d’autres, si on ne scrute pas l’intérieur des lieux.»
En entrevue au Journal l’automne dernier, le groupe Loud Lary Ajust avait indiqué ne pas avoir peur que cette montée du franglais signe le déclin de la langue française.
«Je n’ai pas l’impression que les gens de notre génération parlent vraiment en franglais. C’est plus un truc du rap québécois. Je ne pense pas que le français est en danger pour les jeunes de notre âge. Nous chantons en franglais seulement pour des raisons esthé-tiques.»