Le Journal de Quebec

Vendre ou brûler ?

Des centaines de toiles laissées en héritage

- ÉLIZABETH MÉNARD Les toiles de Denys Morisset sont exposées au local W104 du Centre de commerce mondial jusqu’au 30 avril. Pour plus d’informatio­n: centredeco­mmercemond­ial.com.

Qu’advient-il des oeuvres d’un artiste lorsqu’il décède et qu’elles ne trouvent pas leur place dans un musée ou chez des collection­neurs? C’est la question que se pose Pierre Bernier, grand ami du peintre Denys Morisset, qui a hérité de centaines de toiles.

Avant son décès, Denys Morisset a dit à son ami: «Pierre, si tu es pris avec ça, brûle tout.» Vingtcinq ans plus tard, Pierre Bernier ne s’est toujours pas résolu à le faire. Mais l’idée le tracasse. «Jerem ets en question cette dé - marche que, finalement, je n’ai jamais accepté de faire», expliquet-il.

Mais l’entreposag­e coûte cher et le temps manque. Avant de se résoudre à tout brûler, il aimerait, évidemment, vendre.

«Denys disait toujours qu’il aimait mieux savoir ses oeuvres chez des gens que de sombrer dans un musée. Il s’auto diffusait. Et je poursuis sa mentalité», explique-t-il.

UN PEINTRE QUI DÉRANGE

Denys Morisset a surtout été connu localement, à Québec, où il vivait. Il était le fils de Gérard Morisset, un célèbre historien de l’art à qui l’on doit notamment l’inventaire des oeuvres d’art du Québec.

«C’est un homme qui était très respect é dans l e domaine des arts et qui avait un fils un peu particulie­r, nommé Denys», explique le fondateur du Club des collection­neurs en arts visuels du Québec et ancien ministre de la Justice, Marc Bellemare.

«Denys a fait une carrière un peu marginale, poursuit-il. C’était un exalté, un grand crieur, un dénonciate­ur. Il n’a pas eu un gros succès de musées, mais il a des oeuvres intéressan­tes», dit-il, mentionnan­t avoir lui-même fait l’acquisitio­n de deux de ses oeuvres.

Un peintre talentueux qui laisse des centaines d’oeuvres en héritage à des amis ou à une famille qui ne savent pas qu’en faire: c’est une situation fâcheuse qui se produit malheureus­ement assez fréquemmen­t, sel on l ’ expert en valeur marchande et spécialist­e du marché de la revente, Pierre Garant.

«La cote, on l’établit en fonction de l’offre et de la demande. Si le peintre n’a pas été diffusé [en galerie], il n’y a pas de références. Il n’y a pas de prix à fixer», explique-t-il, précisant que la cote n’a rien à voir avec la valeur artistique de l’oeuvre.

Avant de se départir des oeuvres de son ami, Pierre Bernier a mis sur pied une exposition: Les oubliés inoubliabl­es, présentée au Centre de commerce mondial jusqu’au 30 avril.

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Pierre Bernier pose ici avec certaines toiles de son ami Denys Morisset, décédé il y a 25 ans.

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