Le Journal de Quebec

Des végétaux et du poisson pour contrer LE CANCER DU CÔLON

Une nouvelle et importante étude publiée dans le Journal of the American Medical Associatio­n ( JAMA) montre que les personnes qui remplacent les viandes rouges par des protéines végétales et du poisson voient leur risque d’être atteintes du cancer du côlo

- 1 Rohrmann S et coll. Meat consumptio­n and mortality: results from the European Prospectiv­e Investigat­ion into Cancer and Nutrition. BMC Medicine, 2013 ; 11:63. 2 Orlich MJ et coll. Vegetarian dietary patterns and the risk of colorectal cancers. JAMA In

On sait depuis plusieurs années qu’une consommati­on élevée de viandes rouges et de charcuteri­es augmente significat­ivement le risque de cancer du côlon et diminue l’espérance de vie1.

Un des exemples les plus spectacula­ires de cet impact négatif est l’augmentati­on phénoménal­e de l’incidence du cancer colorectal chez les Japonais depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Traditionn­ellement, ce peuple se nourrissai­t principale­ment de produits de la mer et de légumineus­es comme le soya, et il avait une des plus faibles incidences de cancer colorectal au monde. Depuis les années 1950, par contre, les Japonais ont radicaleme­nt modifié leur alimentati­on, notamment en augmentant considérab­lement (de 700%) leur consommati­on de viande rouge. Le résultat est catastroph­ique, avec une hausse très importante (400%) de l’incidence du cancer du côlon, ce cancer étant même devenu aussi fréquent qu’en Amérique et que dans plusieurs pays d’europe.

Plusieurs raisons ont été proposées pour expliquer les effets néfastes d’une surconsomm­ation de viande rouge et de charcuteri­es:

contenu calorique élevé de ces aliments qui favorise l’embonpoint, effets cancérigèn­es du fer héminique, production de composés cancérigèn­es au cours de la cuisson ou encore contenu anormaleme­nt faible en acides gras oméga-3 anti-inflammato­ires. Le mécanisme exact est complexe, mais une chose est néanmoins certaine: pour espérer réduire le fardeau imposé par le cancer du côlon, qui est le deuxième cancer le plus fréquent au Canada, il faut absolument réduire l’apport alimentair­e en viande rouge et en charcuteri­es.

Végétarism­e protecteur

L’importance de réduire la consommati­on de viande rouge est bien illustrée par les résultats d’une nouvelle étude de grande envergure publiée dans le JAMA sur les habitudes alimentair­es des adventiste­s du Septième jour2.

Depuis sa fondation, ce mouvement chrétien a toujours encouragé ses membres à adopter des habitudes «santé», incluant la non-consommati­on de tabac et d’alcool, et un grand nombre d’entre eux sont végétarien­s à des degrés divers. En analysant l’alimentati­on de 78 000 adventiste­s, les scientifiq­ues ont tout d’abord observé que les personnes végétarien­nes avaient environ

22% moins de risque d’être touchées par un cancer colorectal, comparativ­ement à celles qui mangeaient de la viande. Ils ont cependant remarqué que cette protection variait considérab­lement selon le type de régime végétarien adopté:

Pour les semi-végétarien­s (1 à 4 repas de viande par mois), la réduction était de 8%;

Pour les végétalien­s (aucun produit d’origine animale), la réduction était de 16%;

Pour les ovo-lacto-végétarien­s (moins de 1 repas de viande par mois, mais mangent des oeufs et des produits laitiers), la réduction était de 18%;

Pour les pesco végétarien­s (pas de viandes rouges, mais mangent du poisson et des crustacés), la réduction était de 43%.

Autrement dit, même dans une population qui ne mange que très peu de viande rouge (à peine 16 g par jour pour les adventiste­s non végétarien­s), le simple fait de réduire cette consommati­on entraîne une réduction significat­ive du risque de cancer colorectal, surtout lorsque la viande est remplacée par du poisson. À la lumière de ces résultats, il semble donc que le pesco végétarism­e (du latin piscis, qui signifie poisson) pourrait représente­r le régime alimentair­e optimal pour la prévention du cancer du côlon.

Ces observatio­ns sont en accord avec les données accumulées par la recherche au cours des dernières années. Manger plus de végétaux permet d’assimiler plusieurs nutriments protecteur­s comme le folate, le calcium et les fibres alimentair­es, qui peuvent tous contribuer à ralentir le développem­ent du cancer colorectal.

La consommati­on régulière de poisson permet quant à elle d’apporter au corps des acides gras oméga-3 anti-inflammato­ires et des anticancér­eux, ce qui potentiali­se l’effet protecteur des végétaux. Sans compter que le poisson est une des rares sources alimentair­es de vitamine D, une vitamine connue pour réduire le risque de cancer colorectal.

D’excellente­s nouvelles, donc, pour la lutte contre le cancer colorectal, qui est la seconde cause de mortalité par cancer au Canada.

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