Un magnifique « Big Three » réjean

Bien des fans du Canadien espéraient éviter les Sénateurs d’ottawa. Et je les comprends. L’épopée des Sénateurs a été captivante et a chauffé au rouge l’ambiance à leurs matchs à Kanata. D’ailleurs le Centre Canadian Tire était presque rempli à capacité pour l’ultime victoire contre les Flyers à Philadelphie samedi après-midi.

Mais cette épopée risque d’avoir son contrecoup. Des joueurs qui ont disputé littéralement 25 matchs de séries éliminatoires soir après soir pour arriver à se tailler une place dans le groupe sélect des huit qualifiés ne peuvent que connaître une baisse de régime. Ce n’est peut-être pas physique, mais c’est certainement psychologique.

Les Sénateurs viennent d’atteindre l’objectif un peu fou qu’ils s’étaient donné en février. Ils ont rempli leur mission. Ils sont contents et satisfaits et c’est à juste titre.

Mais ces mêmes hommes peuvent-ils se relancer dans une autre épopée encore plus difficile? Peuvent-ils retrouver cette énergie du désespoir qui les a animés pendant plus de deux mois? J’en doute.

De plus, à moins qu’andrew Hammond ne soit un Carey Price à l’éclosion spontanée, il devrait retrouver son rythme normal. C’est-à-dire celui d’un gardien de la Ligue américaine assez doué pour la Ligue nationale.

Si Carey Price a eu besoin de cinq ou six ans avant de devenir l’extraordinaire gardien qu’il est maintenant, vous pensez qu’andrew Hammond l’est devenu en deux mois?

Remarquez qu’à Montréal même, on a vu deux fois le phénomène. Ken Dryden et Patrick Roy étaient des recrues quand ils ont gagné leur première coupe Stanley.

Mais je prévois quand même qu’hammond aura du mal à tenir le coup lors des deux premiers matchs au Centre Bell.

À LA BASE

Il est évident que la différence entre les deux équipes n’est pas très grande. Le Canadien a connu une meilleure saison, mais les Sénateurs ont connu de meilleurs mois de mars et d’avril.

Toutefois, une fois l’élan des Sens ralenti, c’est à la base qu’on va revenir pour cette série. Qui est le meilleur devant le but? Carey Price ou Andrew Hammond? Qui va céder quatre fois en premier? Vous pensez vraiment que c’est Price?

À la défense, le duo Andreï Markov et P.K. Subban offre tout ce que le coach Michel Ther- rien recherche. En défense, Subban a montré cette saison qu’il est capable d’être fiable et régulier. Et s’il commet encore trop de revirements, il a la chance de compter sur un gardien capable de corriger ses erreurs.

En attaque et en avantage numérique, Subban et Markov rivalisent avec n’importe quel duo de défenseurs dans la Ligue nationale. Et si Erik Karlsson a terminé au premier rang des marqueurs des Sénateurs et a obtenu plus de points que P.K. Subban cette saison, on ne trouve pas de Markov et ses 50 points à Ottawa. Ça va faire une différence.

En fait, s’il a déjà compté sur un fabuleux «Big Three» dans les grandes années 1970 avec Robinson, Lapointe et Savard, le Canadien peut offrir trois superstars à l’opposition en Subban, Price et Pacioretty.

Les équipes qui peuvent compter sur un gardien de très haut niveau, sur un ancien gagnant du trophée Norris à la défense et sur un ailier puissant et marqueur comme Pacioretty, en plus d’avoir une âme et un coeur de capitaine, sont privilégiées dans la ligue.

L’EXPÉRIENCE DE THERRIEN

Il me semble que c’est le mental qui va faire la différence dans cette série. C’est difficile, sept matchs. Et ça prend une discipline d’enfer et une détermination à toute épreuve pour traverser la tempête. Je pense que le Canadien est mieux armé pour la guerre que les Sénateurs.

Michel Therrien n’est pas un coach spectaculaire, mais son équipe se moule dans un système exigeant soir après soir. Certains joueurs pourraient être tentés par l’exploit individuel, mais on note plutôt que les Glorieux acceptent sans maugréer de se sacrifier chaque soir pour que la défense soit étanche. Quitte à ce que certaines statistiques individuelles soient moins ronflantes.

En fait, Therrien, depuis trois ans, pourrait être candidat au trophée Jack-adams, et ce ne serait que justice.

J’ai hâte de voir comment les jeunes joueurs des Sénateurs vont passer de miraculés à presque favoris dans une dure série. La pression sera très différente.

C’est pour ces raisons que je choisis le Canadien en six matchs.