Le droit au traitement
Jean-pierre Garneau se bat pour que le régime public d’assurancemédicaments du Québec assume les coûts d’un traitement pour le cancer qui lui permettrait peutêtre de vivre quelques années de plus. Son histoire brasse des émotions chez nombre de Québécois.
Précisons d’abord que le régime public d’assurance du Québec est unique.
Le ministre de la Santé, Gaétan Barrette, a par ailleurs bien expliqué hier, en réaction à la publication de cette affaire par Le Journal, qu’une personne au Québec n’est jamais privée d’un médicament dont le taux d’efficacité, dans son cas, est suffisant. Il a avancé le chiffre de 50%.
Ce qui sous-entendrait cependant l’introduction de diverses variables dans la prise de décision, comme l’âge de la personne, le degré d’évolution du cancer, les antécédents médicaux et les autres données de son dossier médical.
Or, un médicament peut très bien être autorisé par Santé Canada, sans figurer pour autant sur la liste des médicaments dont le remboursement (ou non) par la RAMQ est recommandé au gouvernement par l’institut national d’excellence en santé et en services sociaux (INESSS). Le problème vécu par Jean-Pierre Garneau découle précisément du fait que L’INESSS, et conséquemment le système de santé québécois, utilise une statistique brute plutôt que de s’en re- mettre au cas par cas, selon le jugement du médecin traitant et la volonté du patient.
L’efficacité à 35% ou 40% d’un médicament particulier pour l’ensemble des cas d’un certain type de cancer pourrait peut-être grimper à 60% chez certaines personnes lorsque toutes les variables de son dossier sont prises en considération. La décision de le rembourser ou pas pourrait être alors totalement différente.
PAS UNE SCIENCE EXACTE
Comme tant de personnes dans la même situation, M. Garneau espère vivre le plus longtemps possible. Il n’a que 71 ans, il semble déborder de passion de vivre et d’amour pour les siens.
Quatre ou cinq années de plus de vie, ce qu’il dit espérer, valent-elles un traitement à 20 000 $? Si un tel pronostic vital est seulement raisonnable sur le plan médical, la question ne se pose même pas. Même s’il ne s’agissait d’ailleurs que d’un espoir.
De plus, la médecine est loin d’être une science exacte. Nous connaissons tous des personnes qui ont battu en durée de vie des pronostics médicaux et des statistiques.
DONNER UNE CHANCE À LA VIE
Nous avons mené avec sérénité une réflexion et pris des décisions sur l’acharnement thérapeutique et le droit des personnes de mourir dans la dignité.
Jean-claude Garneau demande en somme à la société québécoise et au gouvernement que nous procédions à une autre remise en question, aussi délicate, sur le droit à des traitements en vue d’une prolongation de la vie, cette fois. Même quand le résultat peut forcément être incertain en termes de durée.
Le droit de mourir dans la dignité s’exerce au cas par cas. Il devrait en être de même pour le droit à un traitement.
Quatre ou cinq années de plus de vie, ce qu’il dit espérer, valentelles un traitement à 20 000 $ ?