Un Hells au service des enfants et des anciens combattants
L’ex-hells Angel André Chouinard, l’un des motards les plus prospères au Québec avant son arrestation en 2003, n’est plus le même homme depuis qu’il fait du bénévolat pour aider des enfants handicapés et des anciens combattants.
La Commission des libérations conditionnelles du Canada (CLCC) l’a reconnu, hier, en autorisant l’ex-motard de 56 ans à sortir du pénitencier Archambault – où il purge une peine de 20 ans pour complot de meurtres, trafic de drogue et gangstérisme – afin d’aller dans sa famille, 72 heures par mois, sans être escorté par des gardiens.
L’ancien membre du chapitre Nomads et sa conjointe, venue assister à l’audience, ont accueilli la décision en pleurant.
«Vous arrivez de loin, lui a dit le commissaire Jacques Bouchard. Votre criminalité est très grave. Mais aujourd’hui, vous avez un bulletin à la hauteur de ce qu’on attendait. Vous êtes sur la bonne voie.»
COMME UNE THÉRAPIE
Depuis trois ans, André Chouinard a effectué 323 sorties sous escorte pour faire du bénévolat dans un centre d’aide pour handicapés mentaux et pour anciens combattants des Forces armées canadiennes.
«Chacune de ces journées a été une thérapie pour moi, a-t-il dit hier. Ces gens sont des exemples de persévérance.»
Il a aussi rencontré plusieurs victimes d’actes criminels et d’anciens toxicomanes.
«Ça m’a fait réaliser tous les dommages et la souffrance que j’ai causés avec la drogue. Ce qu e j’ai fait ( avecles Hells ) , ça m’écoeure.»
REDEVENIR UN PÈRE
Chouinard a admis que ses activités criminelles, en plus d’avoir contribué à faire plus de 150 morts pendant la guerre des motards, ont durement affecté sa famille.
«J’étais pas là pour eux. Je veux redevenir un père et un mari. J’ai détruit des vies et la mienne.»
Membre des Hells dès 1995, il s’était vite hissé au sommet de la hiérarchie avec sa «bonne gueule de vendeur et d’homme d’affaires», selon ses dires.
Riche importateur de cocaïne, il récoltait des profits annuels de 750 000 $ et siégeait à la «table» des bonzes du crime organisé lorsqu’il a décidé de quitter le gang en 2000.
Il a fui au Mexique pendant un an avec 200 000 $ en poche et s’y trouvait toujours quand les policier sontarrê té Maurice «Mom» Boucher et ses autres comparses lors de l’opération Printemps 2001.
Revenu au Québec, il a troqué sa Mercedes pour un vélo et changé d’appartement cinq fois avant d’être épinglé, en avril 2003.
Ildit maintenant qu ’ iln’ a «plus un e cenne», à part 62 000 $ placés dans un REER.