Là où le journalisme demeure un vrai combat
Otages décapités. Écoles Bombardées. Villages entiers décimés. Le Moyen-orient livre Chaque jour son lot d’images de détresse et d’horreur. Alors, pourquoi parler du sort spécifique des journalistes? PARCE que sans leur voix, la noirceur qui étouffe Cette région serait encore plus profonde.
L’accord sur le nucléaire iranien a suscité un bref espoir de libération de Jason Rezaian. Ce journaliste irano-américain, chef du bureau du Washington Post à Téhéran, croupit dans l’infâme prison d’evin. Hier, les autorités iraniennes ont déclaré qu’il sera finalement accusé d’espionnage économique et qu’il va être déféré devant le tribunal révolutionnaire.
En Irak voisin, c’est le chef du bureau de l’agence Reuters qui a dû quitter Bagdad dans la précipitation. La tête de Ned Parker a été mise à prix par des milices chiites qui lui reprochaient des reportages faisant état de lynchages et autres violations des droits de l’homme lors de la libération de Tikrit des forces du groupe armé État islamique.
Quant à Raif Badawi, condamné à 10 ans de prison et 1000 coups de fouet en Arabie saoudite, sa libération demeure incertaine malgré une formidable mobilisation internationale en sa faveur.
Trois journalistes, trois drames, trois symboles d’une hostilité franche du Moyen-orient à l’égard de la presse. Les chiffres du bilan 2014 de Reporters sans frontières confirment que cette région est désormais la plus liberticide à l’encontre des médias. Il y a les journalistes qui sont assassinés (15 pour la seule Syrie) et il y a également ceux qui sont incarcérés pour avoir voulu s’exprimer librement (en date d’hier, l’iran détenait 17 journalistes et 27 «net-citoyens»).
CACHER LA VÉRITÉ
En ces temps où les milices armées et les groupes terroristes se multiplient dans cette région poudrière, on aurait pensé que les publications des journalistes seraient considérées comme le cadet des soucis des autorités. En fait, la guerre de propagande est la principale ligne de toutes les confrontations du Proche et du MoyenOrient. Avec l’objectif d’éloigner le plus possible les camps partisans de toute exposition à la vérité adverse et à la vérité tout court.
Parce qu’ils s’adressent aux populations locales, les journalistes nationaux sont les premières victimes des attaques contre la profession. Ainsi, sur un otage américain exécuté devant caméra, ce sont des dizaines des professionnels locaux qui sont abattus dans une relative méconnaissance (sinon indifférence) de la communauté internationale.
Pourtant, malgré des décennies de répression et des centaines de vies détruites (avec des méthodes d’une cruauté toujours plus raffinée), chaque fois qu’un journaliste tombe, il y en a deux qui ramasseront son drapeau et poursuivront la lutte pour la liberté d’expression. Grâce à eux, merci, l’obscurantisme n’a pas encore totalement triomphé au Moyen-orient.
La guerre de propagande est la principale ligne de toutes les confrontations du Proche et du Moyen-orient