Le Journal de Quebec

Des primes généreuses pour les cadres d’hydro-québec

Le PDG pourrait encaisser jusqu’à 140 000 $ en primes de rendement

- Kathryne Lamontagne l Klamontagn­ejdq

Alors que les clients résidentie­ls d’hydro-québec subissent depuis avril une augmentati­on de 2,9 % des tarifs d’électricit­é, les cadres et hauts dirigeants de la société d’état se sont partagé la rondelette somme de 22,8 M$ en primes, a appris Le Journal.

Le retour des primes de rendement aux gestionnai­res des grandes sociétés d’état a visiblemen­t été payant pour les dirigeants d’hydro-québec. En effet, un tableau obtenu via une demande d’accès à l’informatio­n révèle que 1635 cadres de la société se sont partagé pa s moi nsde 17 , 9 M$ en primes, alors que 133 cadres de directione­t hauts di r i - geants ont pigé dans une enveloppe de 4,9 M$. Au final, 1768 personnes ont pu se prévaloir de la mesure.

Hydro-québec, qui s’est fait taper sur les doigts la semaine dernière par la vérificatr­ice générale pour avoir liquidé une turbine neuve de 79 M$ au coût de 75 000 $, a refusé de ventiler ces données.

Il a toutefois été possible d’apprendre que le président-directeur général de la société peut aller chercher jusqu’à 30 % en primes de rendement. Le salaire de ce dernier étant de 469 188 $ en date du 31 décembre 2014, selon le rapport annuel, il est permis de croire que la tête de l’organisati­on empochera une «rémunérati­on in ci t a t ive » d e pl u s de … 140 000 $.

JUSQU’À 30 %

Les 1635 cadres d’hydro-québec pourront quant à eux obtenir une prime allant jusqu’à 15 % des revenus, selon le rendement. Ce nombre peut monter à 20 % pour les 133 cadres de direction et hauts dirigeants, 30 % dans certains de ces derniers cas.

«Il est important de souligner que la rémunérati­on incitative est une pratique de rémunérati­on largement répandue dans les sociétés à vocation commercial­e. Elle contribue à mobiliser les cadres sur des objectifs précis. Sans atteinte des objectifs, il n’y a pas de versement», précise le porte-parole de l’organisati­on, Serge Abergel.

QUATRE SOCIÉTÉS

Rappelons que les primes de rendement versées aux gestionnai­res des sociétés d’état avaient été éliminées en 2010 par l’ex-ministre des Finances Raymond Bachand, dans sa quête de l’équilibre des finances publiques. En avril dernier, le gouverneme­nt Couillard ramenait ces rémunérati­ons supplément­aires, rétroactiv­ement à 2014, avec le projet de loi 28, adopté sous le bâillon.

En plus d’hydro-québec, trois autres sociétés sont visées par cette mesure, soit Loto Québec, la Société des alcools du Québec et Investisse­ment Québec. Pour y avoir accès, ces sociétés doivent atteindre ou dépasser des cibles de revenu net établies.

Dans le cas d’hydro-québec, cette «rémunérati­on incitative» est versée au personnel-cadre pour «l’atteinte des objectifs de 2014», peut-on lire dans le document obtenu par Le Journal. Ces allocation­s devenaient possibles si la société atteignait ou excédait un résultat net de 3,05 milliards de dollars. Or, Hydro-québec a annoncé des profits records de 3,38 milliards de dollars pour 2014.

«C’est en hausse de 438 M$ comparativ­ement à 2013. Ce résultat est attribuabl­e au solide rendement de l’entreprise sur tous ses marchés, conjugué à une saine gestion des charges d’exploitati­on. Les marchés hors Québec ont contribué à hauteur de 814 M$ au résultat, une progressio­n de plus de 30 % par rapport à 2013», a tenu à préciser M. Abergel.

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Au final, ce sont 1768 cadres et hauts dirigeants qui s’enrichiron­t grâce aux bonis de performanc­e chez HydroQuébe­c.

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