Le Journal de Quebec

Une femme remporte sa bataille contre la CSST après cinq ans

Une préposée aux bénéficiai­res a gagné sa cause en Cour d’appel

- Nicolas Saillant l Nsaillantj­dq cnicolas. saillant @quebecorme­dia.com

Après cinq ans de lutte et sept défaites devant les tribunaux, une préposée aux bénéficiai­res gravement blessée à l’épaule lors d’une chute remporte finalement la victoire contre la CSST qui refusait de reconnaîtr­e son invalidité et de l’indemniser.

En mars 2009, Suzanne Poulin, une préposée aux bénéficiai­res qui aidait les personnes âgées à domicile s’est blessée sérieuseme­nt à l’épaule en tombant au sol, attirée par une patiente dans sa chute. «Elle m’a emportée avec elle, elle s’est accrochée à mon bras», explique celle qui a subi une sévère entorse à l’épaule.

Après une convalesce­nce d’un an sans signe de guérison, la dame a pourtant vu la CSST décider d’interrompr­e les indemnités, affirmant «que c’était volontaire si elle ne levait pas son bras», explique l’avocat de la dame, Marc Bellemare. Pourtant plusie urs diagnostic­s indiquent que Mme Poulin est bien aux prises avec une capsulite à l’épaule qui l’empêche de lever son bras dominant depuis maintenant six ans.

LONGUE BATAILLE

Sans indemnités et bénéficiai­re de l’aide sociale, Mme Poulin a entrepris sa longue bataille dans la pauvreté et sans qualité de vie. «Quand tu as faim à en vomir, je l’ai vécu, ça. La pinte de lait, il fallait qu’elle fasse le mois», raconte-t-elle.

«Mais elle a eu le mérite de pousser son dossier jusqu’au bout», fait valoir Me Bellemare. Ainsi, après sept défaites devant les tribunaux, elle s’est finalement rendue devant les trois juges de la Cour d’appel qui lui ont donné raison «sur le banc».

Ceux-ci ont estimé que «la Commission des lésions profession­nelles a gravement erré» et que «cette erreur grave a conduit à une injustice flagrante», déclarant ainsi que la capsulite était directemen­t liée à sa

lésion profession­nelle.

ÉVIDENCE

«Je n’ai jamais vu ça en 35 ans de pratique une évidence pareille», dénonce Marc Bellemare. «La conclusion de la Cour d’appel est assez exceptionn­elle», poursuit-il, ajoutant toutefois que «ce n’est pas normal d’aller en Cour d’appel pour faire accepter une capsulite de l’épaule».

«La CSST ne fait pas son travail qui consiste à soutenir les travailleu­rs. Elle refuse en se disant que les gens vont s’écoeurer», observe-t-il.

De son côté, Mme Poulin demeure toujours enragée contre les différente­s instances, malgré sa victoire. «La frustratio­n, c’est terrible! Ils t’achalent, c’est sans arrêt. Ils te disent des sottises […] c’est d’une cruauté, raconte-t-elle pendant que les larmes lui montent aux yeux. C’est difficile de ne pas être crue.»

 ??  ?? Même six ans après l’accident, Suzanne Poulin, représenté­e par Me Marc Bellemare, doit porter une attelle en permanence pour supporter son bras et diminuer la douleur.
Même six ans après l’accident, Suzanne Poulin, représenté­e par Me Marc Bellemare, doit porter une attelle en permanence pour supporter son bras et diminuer la douleur.
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