L’assurance d’un actuaire au sommet
Reconnu pour ses qualités de leader, Yvon Charest est un personnage public apprécié du milieu de la finance et des affaires de Québec. En 36 ans de carrière, il n’a connu qu’un seul employeur: l’industrielle Alliance, fondée en 1892, et dont le siège social est à Québec. En mai 2000, il a accédé au siège de président et chef de la direction de la société qui affiche un actif de tout près de 110 G$. Avec ses 5000 employés, l’industrielle Alliance s’adapte à une industrie en perpétuelle mutation. Le maire de Québec vous a confié le mandat de négocier avec le privé pour trouver un gestionnaire pour l’amphithéâtre. Avec le recul, est-ce que l’entente avec Québecor était la meilleure?
«Il y avait deux offres sur la table qui étaient très intéressantes, mais celle de Québecor était probablement supérieure pour la période où il n’y a pas d’équipe de la LNH. Alors, dans ce sens-là, le choix de Québecor est intéressant pour la Ville de Québec. Ç’a été une bataille entre Québecor et Bell Canada. Pour le scénario avec équipe, les deux offres étaient passablement intéressantes.»
Avec onze sièges sociaux, Québec a acquis le surnom de «la capitale de l’assurance», quelles sont les retombées générées par ce statut particulier?
«Le tiers de l’économie repose sur deux secteurs: 19 % du gouvernement provincial et 12 % du secteur de l’assurance et des services financiers. C’est la base. C’est un tiers très stable qui procure des emplois de qualité et qui attire des fournisseurs de qualité. Je pense aux compagnies informatiques et aux bureaux de comptable. Le secteur de l’assurance et des services financiers investit dans l’immobilier. Quand on regarde Québec, c’est assez dynamique.»
Êtes-vous à l’aise avec la rémunération des dirigeants d’entreprise?
«L’objectif en rendant publique la rémunération des dirigeants était sûrement d’amener une cer- taine retenue, mais force est de constater que c’est le contraire qui s’est produit. En mars, on a perdu l’un des huit principaux dirigeants qui est allé travailler pour l’une des cinq grandes banques canadiennes. Les gens regardent la compétition et ils veulent avoir le petit plus qu’ils n’avaient pas. Ça fait monter la moyenne de l’industrie.»
Avec la faiblesse des taux d’intérêt, comment faites-vous pour générer des rendements?
«La baisse des taux d’intérêt oblige les compagnies d’assurance à se remettre en question pour diversifier leurs placements. Elles vont investir plus dans les infrastructures. On investit dans des éoliennes un peu partout au Canada. Il faut développer des expertises plus pointues dans ce type d’actif. À cause de la démographie, l’industrielle Alliance va être plus active dans les immeubles pour personnes âgées.»
Pensez-vous qu’un jour nous pourrons renouer avec des croissances de l’économie de 4 %-5 %? Que dit votre boule de cristal?
«Pour la prochaine décennie, le rendement pour la plupart des actifs ne rejoindra pas le niveau des trente dernières années. La démographie a un impact beaucoup plus grand qu’on pense. On a une population qui vieillit et qui a moins besoin de faire des emprunts. L’autre facteur, même s’il y a encore beaucoup de besoins en infrastructure, les gouvernements n’ont pas la flexibilité financière qu’ils avaient avant. Bien qu’ils veuillent faire beaucoup d’amélioration, ça va être difficile pour eux de continuer à la même vitesse. C’est deux grands facteurs qui font en sorte que les rendements et la croissance seront plus lents.»
«À CAUSE DE LA DÉMOGRAPHIE, L’INDUSTRIELLE ALLIANCE VA ÊTRE PLUS ACTIVE DANS LES IMMEUBLES POUR PERSONNES ÂGÉES»
– YVON CHAREST