Le prix du lait trop élevé
Le gouvernement fédéral négocie présentement un accord de libre-échange avec les pays du Pacifique. Sans surprise, nos partenaires commerciaux trouvent qu’il est compliqué de négocier avec nous. Un irritant majeur est notre politique agricole de la gestion de l’offre. En plus d’être incompatible avec le libre-échange, elle nuit à notre productivité et augmente artificiellement le prix du lait.
GÉRER L’OFFRE
La gestion de l’offre date des années 1970. L’objectif de ce système est de fixer les prix des denrées agricoles, dont le lait. Cela permet aux producteurs de lait de vendre à fort prix et d’avoir des revenus stables. Pour produire, un producteur canadien doit acheter des permis spéciaux qu’on appelle des quotas. Au Québec, un quota pour posséder une vache coûte environ 25 000 $.
C’est ce mécanisme qui permet aux producteurs de limiter l’offre de lait et de gonfler artificiellement les prix. Mais pour qu’il fonctionne, on doit barrer l’entrée aux producteurs étrangers. Et c’est ce qui irrite nos partenaires commerciaux. En 2014, les fermes laitières canadiennes ont engrangé 6,07 milliards en revenus. C’est donc un marché intéressant pour elles.
DANS VOS POCHES
C’est grâce à la gestion de l’offre que vous ne trouvez pas de lait américain sur nos tablettes d’épicerie. C’est aussi pour cela que les fromages importés sont sujets à des tarifs douaniers salés. À la fin, c’est le consommateur qui en sort perdant.
Les chiffres du Bureau of La- bor Statistics montrent que le gallon de lait coûtait en moyenne 3,39 $ US le mois passé aux États-unis. Converti en dollar canadien, cela fait 81 cents par litre. Au Québec, pour un sac de 4 litres de lait 2 %, le prix minimum est entre 6,21 $ et 7,25 $. Au bas mot, on paie donc 1,55 $ du litre.
Les prix restent élevés même lorsqu’on a des surplus de lait. Avec l’augmentation de la demande de beurre et de crème, nos producteurs laitiers sont restés pris avec d’importants surplus de lait écrémé. Dans un marché libre, on l’aurait vendu aux consommateurs et les prix auraient chuté. Mais chez nous, on doit l’envoyer «à la fosse».
QUOI FAIRE?
La grosse question n’est pas de savoir si on doit conserver un tel système. On doit plutôt se demander comment l’abolir pour que tous en sortent gagnants. L’australie, qui a libéralisé son marché du lait, nous offre une piste de solution.
Là-bas, le gouvernement fédéral a mis fin à la gestion de l’offre de façon très ordonnée. Il a racheté tous les quotas pour ne pas que les producteurs perdent leur capital. Ces rachats ont été financés par une taxe spéciale de 11 cents sur chaque litre de lait. Cette taxe était une mesure temporaire pour financer la transition.
Aujourd’hui, le prix que reçoivent les producteurs australiens tourne autour de 40 cents par litre. Les fermes les moins efficaces ont disparu du marché, et les plus concurrentielles ont survécu. Les consommateurs paient leur lait beaucoup moins cher. Grâce à ces gains de productivité, l’australie exporte maintenant 40 % de sa production nationale… ce qui est plus intéressant que de la jeter dans les égouts.