« Il faut qu’elle soit la dernière »
Une mère en deuil dénonce la pression qui augmente constamment pour les étudiants en médecine
La mère d’une jeune étudiante en médecine qui s’est enlevé la vie en mai dernier lance un cri du coeur, affirmant qu’il faut absolument que sa fille soit la dernière à connaître cette fin «tragique», «brutale», «cruelle» et «dévastatrice».
Anne-sophie D’amours, qui était âgée de 23 ans, est la deuxième étudiante en médecine à se suicider en moins de six mois au Québec. Lors d’ un témoignage poignant livré au Journal, sa mère, Mireille Racine, souligne qu’ anne-sophie est «morte pour la médecine».
«L’anxiété de la performance, exceller parmi les excellents», décrit la dame, mentionnant que l’objectif de la vie d’anne-sophie a toujours été d’être médecin, d’aider les autres.
«Tant d’efforts, d’heures consacrées à ces passionnants apprentissages. Sa bonté, son humanisme et son devoir d’aider ont eu préséance sur sa propre santé… et sa vie», relate Mme Racine.
Pourtant, la jeune femme rayonnait partout où elle passait et était appréciée de tous, principalement en raison de sa gentillesse et de l’attention qu’elle portait aux autres. «Elle aurait pu survivre à ça», assure Mme Racine.
SPIRALE
Mais la fierté d’anne-sophie, agencée à sa «totale abnégation» et au désir de ne pas paraître faible et de ne pas montrer ses difficultés à sa cohorte l’ont menée à la dépression. Il s’agit d’une spirale pour les étudiants en médecine, estime Mme Racine.
La charge de travail était énorme et ne cessait d’augmenter. «Pour elle, il n’y avait plus de solution. Le corps a ses limites.»
Malgré ce mal, Anne-sophie refusait d’arrêter ses longues heures de stage pour prendre soin d’elle-même. «Ce sont des jeunes fiers», ajoute Mme Racine. Cette pression, selon elle, vient des facultés de médecine, qui ne donnent aucun répit aux étudiants. Entre les stages de 15 heures par jour, six jours par semaine, avec des évaluations périodiques, c’est «anormal» et «excessif», dit-elle. D’ailleurs, dans le dernier message qu’anne-sophie a adressé, elle avait toujours la médecine en tête. «Elle nous a dit qu’elle nous aimait tant, mais qu’elle aurait voulu prendre soin de ses patients.»
SOLUTIONS
La mère endeuillée souhaite maintenant que cesse l’hémorragie, que «les pairs soient vigilants de tout signe ou symptôme qui sèmeraient le doute et qu’ils les adressent par une dénonciation positive». La bienveillance envers autrui est primordiale, soutient-elle.
Elle prône la médecine méditative, qui laisse de la place au repos. Il doit y avoir des congés mobiles, des congés d’étude et des mentors stables, ajoute-t-elle. Elle croit aussi que les gens doivent parler de suicide, de la maladie mentale, de «ce cancer de l’âme qui doit être déstigmatisé».