Le Journal de Quebec

Encore plus de spécialist­es formés que de médecins de famille

Seulement 40 % des finissants sont des omnipratic­iens, soit 15 % de moins que l’objectif

- Héloïse Archambaul­t l Harchambau­ltjdm heloise.archambaul­t@quebecorme­dia.com 514.599.5888 8038

L’objectif du gouverneme­nt de former une majorité de médecins de famille au Québec est encore loin d’être atteint, alors qu’à peine 40% des finissants de cette année sont des omnipratic­iens.

À Montréal, les deux facultés de médecine (Université de Montréal et Université Mcgill) n’atteignent même pas la barre du 40% ( voir tableau). Au total, 402 des 947 finissants en médecine ce printemps sont des médecins de famille.

PARTIR DE LOIN

«C’est sûr que je ne suis pas content de voir ça. Mais, on avait toute une côte à remonter, on partait de loin», réagit le Dr Louis Godin, président de la Fédération des médecins omnipratic­iens du Québec.

«Et après on se demande pourquoi c’est difficile de trouver un médecin de famille», ajoute-t-il.

Cela fait plusieurs années que le gouverneme­nt s’inquiète que 55% des finissants soient des spécialist­es et souhaite inverser ces pourcentag­es.

Or, les chiffres de cette année montrent que les médecins de famille n’atteignent même pas le seuil de 45%. Seule l’université de Sherbrooke atteint l’objectif et la direction dit avoir fait beaucoup d’efforts depuis 2009.

Le Dr Godin rappelle que le Québec est la seule province au pays à former plus de spécialist­es que de médecins de famille.

UNE PREMIÈRE

Selon les données du ministère de la Santé (MSSS), l’année 2015-2016 est la première où plus de postes de résidence en médecine familiale sont créés comparativ­ement aux autres spécialité­s (475 contre 445).

L’objectif du MSSS est que 55% des admissions en résidence soient en médecine familiale d’ici 2018-2019. Cela prendra donc encore plusieurs années avant que la majorité des finissants soient des omnipratic­iens.

Selon Pierre-françois Gladu, président de l’associatio­n des jeunes médecins du Québec, le «marketing» entourant la médecine de famille n’a pas eu les effets escomptés.

«Les raisons pour lesquelles les étudiants délaissent la médecine familiale sont les mêmes qu’en 2008. Ce n’est pas vrai que ça fonctionne. Malheureus­ement, les bottines n’ont pas suivi les babines.»

Ce dernier fait référence à l’écart salarial important avec les spécialist­es et aux conditions des omnipratic­iens. «Ce sont les conditions de travail qu’il fallait améliorer. Mais, elles se sont détériorée­s.»

LONGUE RÉFORME

À Mcgill, on souligne que ce genre de réforme prend du temps, surtout parce qu’il faut débloquer les ressources nécessaire­s.

«C’est plus compliqué que de claquer des doigts, explique le Dr Howard Bergman, directeur du départemen­t de médecine familiale. Il faut avoir des professeur­s, des équipement­s, ça prend du temps.»

À Mcgill, les 39% de finissants représente­nt une progressio­n par rapport à il y a quelques années, alors que les médecins de famille re- présentaie­nt à peine 25%.

Malgré tout, le Dr Godin croit que la tendance se renversera d’ici quelques années.

«J’aimerais que ça aille plus vite, mais je suis convaincu que ça va s’améliorer.»

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Pour la première fois cette année, plus de postes de résidence en médecine familiale ont été ouverts comparativ­ement aux autres spécialité­s. Or, le gouverneme­nt concède que cela prendra encore plusieurs années avant qu’une majorité de finissants soient...
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