La réputation de sa fille lavée

La Côte d’ivoire reconnaît enfin que Lara Langlais a bien été victime d’un homicide en 2009 Nicolas Saillant

Une mère qui se bat depuis six ans pour que la réputation de sa fille assassinée en Côte d’ivoire soit lavée a finalement eu gain de cause lorsque le gouvernement de ce pays d’afrique a officialisé que Lara Langlais a bel et bien été victime d’un homicide.

Le 2 septembre 2009, Lara Langlais, qui travaillait pour une entreprise d’exportation de cacao à Yamoussoukro, en Côte d’ivoire, est retrouvée sans vie, décédée par strangulation. Quelques jours plus tard, un enquêteur s’était présenté à la télévision avec un suspect qui s’était présenté comme l’amant de la Québécoise.

PRATIQUES SADOMASOCHISTES

Le suspect, Pregnon Steven Serge, avait alors donné une version invraisemblable, mais pourtant acceptée dans les conclusions du rapport d’enquête. Ainsi, à la suite de «pratiques sexuelles sadomasochistes», Lara Langlais est morte par «strangulation» en raison «d’un câble d’ordinateur enroulé autour de son cou » , conclut l’enquête.

Une insulte pour la mère de Lara, Nicole Dubé, qui a dû se soumettre à l’épouvantable tâche de regarder les photos montrant sa fille au visage «ensanglanté et défiguré». Depuis, elle a entamé la plus importante bataille de sa vie, celle de «rétablir la mémoire de sa fille».

La honte manifestée par la mère de Lara a certainement été «l’élément déclencheur» de ses démarches. «Je l’ai fait pour les enfants de Lara parce que ce sont eux qui vont avoir à vivre avec le souvenir de leur mère», explique-t-elle.

ACHARNEMENT

Mme Dubé s’est donc acharnée afin de faire jaillir la vérité. «Ce que je demandais, c’était de rétablir sa mémoire et de dire que la déclaration de Pregnon était fausse.»

Puis, plus de trois ans après le meurtre, Mme Dubé reçoit enfin une bonne nouvelle venant directement de l’état ivoirien: «J’ai l’honneur de porter à votre connaissance que les autorités ivoiriennes ont entrepris une nouvelle enquête.»

Profitant de l’aide d’un employé de l’ambassade ivoirienne, le dossier de Lara a tranquillement progressé. Le 20 avril dernier, la mère de Lara a finalement eu une copie officielle du nouveau rapport d’enquête confirmant que Pregnon avait inventé des prétendus rapports sexuels déviants «pour s’exonérer de son crime».

«La première pensée que j’ai eue, ç’a été que les enfants de Lara ont retrouvé leur mère», indique Mme Dubé, qui avait du mal à le croire. «C’est un gros soulagement, […] un stress de moins, parce que moi, je ne suis plus jeune et je ne voulais pas que ça traîne 20 ans.»

Quant à Pregnon, le meurtrier, il est libre comme l’air depuis la crise postélectorale de 2010. «Il s’arrangera avec sa conscience», lance Mme Dubé.

«C’EST TOUT CE QU’IL RESTE LORSQU’ON DÉCÈDE, LA MÉMOIRE, ET QUAND ON N’A PLUS ÇA, ON N’EST PLUS RIEN.» – Nicole Dubé