Le Journal de Quebec

Un retour de mission plus pénible qu’il n’y paraît

Une étude sur la santé mentale des militaires déployés en Afghanista­n embellirai­t la situation

- 418.683.1573 2271 NICOLAS SAILLANT nicolas.saillant@quebecorme­dia.com

Une récente étude menée par l’armée canadienne sur les impacts psychologi­ques de la mission en Afghanista­n, décrite comme la plus complète depuis la fin du déploiemen­t, conclut «à un portrait encouragea­nt de la santé mentale dans les Forces armées». Une conclusion «non fondée» selon le professeur Alain Brunet.

L’étude méconnue, publiée au mois d’août dernier par deux chercheurs des forces canadienne­s est présentée comme la plus complète en matière de santé mentale post Afghanista­n.

Elle analyse les risques de stress posttrauma­tique, d’alcoolisme et de suicide à la suite de la mission.

Malgré l’allusion à plusieurs études qui montrent une hausse du risque d’alcoolisme, l’augmentati­on des pensées suicidaire­s chez les vétérans et la démonstrat­ion qu’une «fraction substantie­lle du personnel aura besoin de soins en santé mentale après le déploiemen­t», les Drs Mark Zamorski et David Boulos jugent que le portrait de la situation est encouragea­nt.

EFFETS TOXIQUES

«La majorité du personnel va bien», écrivent-ils. «Les effets toxiques des déploiemen­ts répétés demeurent à un niveau acceptable» et «le taux de suicide est stable», conclut l’étude.

Les résultats de cette étude sont accueillis avec scepticism­e par le profes- seur de l’institut Douglas, spécialist­e de la question du stress post-traumatiqu­e, Alain Brunet. «Dire que tout est stable, ça n’a pas de bon sens.»

« Je ne sais pas quiils essaient de convaincre», poursuit-il en notant une méthodolog­ie souvent questionna­ble. «C’est ce qu’ils font dire aux chiffres, avec un peu de pratique, on peut leur faire dire plein de choses», constate-t-il.

Le professeur Brunet prend l’exemple de l’étude de 2013 également réalisée par les mêmes docteurs sur les militaires atteints de trouble de stress posttrauma­tique (TSPT), conclusion prise en compte dans l’étude d’août 2014.

Cette étude mentionne que 8 % des militaires déployés en Afghanista­n ont reçu un tel diagnostic, alors que 5,2 % ont reçu un diagnostic de trouble mental autre que le TSPT.

Or, cette étude se concentre uniquement sur les militaires qui ont fait l’objet d’un diagnostic officiel.

« Ce taux est peu fiable, t ranche le professeur, car des soldats sont réticents à admettre qu’ils ont un trouble de stress post-traumatiqu­e.»

LA MARINE SURREPRÉSE­NTÉE

M. Brunet indique aussi que 17 % des militaires interrogés dans le cadre de cette étude provenaien­t de la marine. « La marine nese rend pas jus qu’en Afghanista­n», ironise le professeur.

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Cette étude, qui analyse plusieurs études des dernières années, se targue d’être la plus complète depuis la fin du déploiemen­t en Afghanista­n..

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