Le Journal de Quebec

Le Festival de jazz est-il trop gourmand ?

- SOPHIE DUROCHER sophie.durocher @quebecorme­dia.com

Le Festival internatio­nal de jazz de Montréal s’est terminé hier. Si vous y êtes allé, j’espère que vous avez mangé vos hot-dogs et vos tacos uniquement dans les comptoirs alimentair­es du Festival. Sinon, malheureux! vous avez fait de la pépeine aux Gentils Organisate­urs (GO) du Festival de jazz.

Oui, en mangeant dans les restaurant­s situés autour du site (au lieu d’engraisser les stands du Festival), vous faites perdre de l’argent aux GO du jazz. Vous allez même jusqu’à mettre en péril l’avenir des activités gratuites. C’est en tout cas le chantage absurde auquel se sont livrés les organisate­urs du Festival.

LE BEURRE ET L’ARGENT DU BEURRE

En faisant son bilan de l’édition 2015, la direction a affirmé être aux prises avec une «problémati­que financière». Même si plus de gens viennent au Festival, les revenus de «nourriture et boissons» sont en baisse à cause de la «concurrenc­e» des commerces voisins du site du Festival. Imaginez, il y a 10 nouveaux restos qui ont ouvert depuis l’année dernière autour du Festival de jazz!

Mais ne vous inquiétez pas. Le FIJM a une solution: approcher les commerces qui profitent de l’achalandag­e du Festival et leur demander de «contribuer à son financemen­t». Le directeur général du Festival, Jacques-andré Dupont, a même déclaré avoir «bon espoir que ça va se passer dans la bonne humeur».

«Nous sommes contents de contribuer à la création de richesse, mais si nos revenus continuent de baisser, nous ne pourrons plus financer le développem­ent du Festival…» a affirmé, sans rire, monsieur Dupont.

Les restos en arrachent. Leur marge de profit est minuscule. Mais là, pendant les quelques jours du Festival, ils arrivent à remplir leurs tables et il faudrait qu’ils versent des redevances au Festival de jazz, comme on verse une enveloppe au gars qui nous offre sa protection?

Et en plus, que ça se fasse dans la bonne humeur?

LA POLICE DU HOT-DOG

«Nous sommes très heureux de voir les commerçant­s faire des affaires d’or, mais l’équilibre budgétaire qui permet de maintenir la formule d’animation gratuite commence à être en péril.» C’est ce que déclarait Alain Simard… le 8 juillet 2014. Est-ce que chaque année le Festival de jazz va se plaindre que les festivalie­rs mangent ailleurs que sur le site du Festival?

Un de mes amis était au Festival samedi. Sur le site, on lui proposait un miniconten­ant de jambalaya à 13 $. Il a préféré se taper un énorme club sandwich au homard, pour le même prix, dans un hôtel voisin. Il a bien le droit. Ça s’appelle l’offre et la demande.

À ce que je sache, au Québec, on vit dans un régime capitalist­e, de libre entreprise et de saine concurrenc­e. On achète ce qu’on veut, où on veut.

C’est quand même effronté! Le Festival s’installe pendant 10 jours dans un quartier bourré de restaurant­s. Et ils se plaignent qu’il y a trop de concurrenc­e?

Le Festival de jazz vit des subvention­s gouverneme­ntales et des commandite­s corporativ­es.

Et en plus, il faudrait que les commerces autour lui versent des redevances?

Si j’étais restaurate­ur, ça ne se ferait pas «dans la bonne humeur».

C’est quand même effronté !

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