Le Journal de Quebec

L’amundsen réquisitio­nné d’urgence

Les chercheurs ont perdu deux des six semaines de leur mission pour escorter des navires commerciau­x

- KATHRYNE LAMONTAGNE kathryne. lamontagne @quebecorme­dia.com 418.683.1573 2384

En pleine mission dans l’arctique, le brise-glace Amundsen a été réquisitio­nné d’urgence par la Garde côtière, prenant en otages pendant deux semaines la quarantain­e de scientifiq­ues qui se trouvaient à bord pour une mission de six semaines.

Il s’agit là d’une première en 12 ans pour le brise-glace rattaché à l’université Laval, qui a pris le large le 10 juillet dernier. Les membres d’équipage et la première équipe de chercheurs venaient à peine d’arriver près de la Terre de Baffin qu’ils ont dû cesser leurs activités pour escorter des navires commerciau­x dans la baie d’hudson, le 19 juillet.

«La Garde côtière a pris le contrôle du navire. Il y avait cinq ou six navires qui avaient de la difficulté à accéder aux communauté­s du Nord-du-québec, qui attendaien­t pour les vivres, le bois, l’essence, etc. Les conditions de glace étaient très élevées, surtout à cause des vents et de la dérive des glaces. Donc ça a créé des conditions anormales», explique Martin Fortier, le directeur général du réseau national de recherche Articnet, qui gère la structure de l’amundsen.

DÉCISION GOUVERNEME­NTALE

Depuis 2003, la Garde côtière a une entente de coopératio­n avec l’amundsen. Propriété de Pêches et Océans Canada, le navire effectue des opérations de déglaçage l’hiver et se consacre à la recherche l’été. En tout temps, il peut être monopolisé sans préavis pour des missions de recherche et sauvetage. Mais dans ce cas-ci, il s’agissait d’une opération de déglaçage.

Les deux plus gros brise-glace de la Garde côtière, le Louis S. St-laurent et le Terry Fox, étaient à leur base d’attache, en prévision d’une mission de cartograph­ie «politique» chère aux yeux de Stephen Harper, a souligné M. Fortier. L’amundsen étant géographiq­uement plus près à ce moment-là, c’est lui qui a été sélectionn­é, a confirmé la Garde côtière au Journal.

«Ce qui a été frustrant pour nous, c’est qu’il y a eu une décision assez claire de mettre la priorité sur un projet par rapport à l’autre. Normalemen­t, l’amundsen est le dernier navire réquisitio­nné. C’est la première fois que ça arrive, mais disons qu’à l’avenir, pour nous, ça crée une certaine incertitud­e pour nos partenaire­s potentiels. Il va falloir clarifier les choses dans le futur», dit M. Fortier.

« Les conditions de glace étaient très élevées, surtout à cause des vents et de La dérive des glaces. donc ça a créé des conditions anormales »

– Martin Fortier, DG Articnet

PROJETS RETARDÉS

Finalement, un brise-glace a été dépêché du Groenland et l’amundsen a pu retourner à ses activités 14 jours plus tard. Face à la situation, la première équipe de scientifiq­ues a dû reporter à une date indétermin­ée une partie de ses recherches.

«Ça a retardé notre programme, ce sont des missions qui se prévoient à l’avance, il y a beaucoup de travail là-dedans», résume M. Fortier, qui affirme être en discussion avec la Garde côtière, qui pourrait offrir une certaine compensati­on.

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Heureuseme­nt, cet interlude ne touchera pas le travail des deux autres groupes de chercheurs qui se relaieront d’ici la fin de la mission globale de 120 jours sur l’amundsen, qui se poursuit.

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